mardi 10 juin 2014

Brian ENO Before and After Science (1977)

Brian Eno - Before & After Science
Pop expérimentale / Avant-garde / Ambient (Angleterre)


Avec Before and After Science, Brian Eno configure un nouvel espace sonore. Mais contrairement à son prédécesseur, il va revenir davantage vers le format chanson, entretenant une dimension pop plus marquée… Une pop futuriste et alambiquée, ne délaissant en rien le travail sur le son et l’apparition de plages atmosphériques particulièrement réussies. Ainsi, Before and After Science est pour moi le disque le plus équilibré, profond et représentatif de l’artiste.

La face A s’oriente principalement vers une new wave tourmentée et agile, matinée d’une production froide et plastique. ‘No One Receiving’, ‘Backwater’, ‘Kurt’s Rejoinder’ & ‘King’s Lead Hat’… les morceaux sont rythmés et agités, parfois légèrement funky, avec toujours ces manœuvres en studio pour les faire venir d’un autre monde. Ces titres mettent également en scène des figures de la scène art rock et prog, sur lesquelles Brian Eno s’appuie avec intelligence : Phil Manzanera, Robert Fripp, Percy Jones, Phil Collins, Jaki Liebezeit… L’album gagne ainsi en envergure et en aura.

Brian Eno glisse aussi des morceaux plus doux comme ‘Here He Comes’ et ‘By this River’, qui sera la musique de La chambre du fils de Nanni Moretti. Pour ce dernier, il profite d’une collaboration avec Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius, de Cluster. Ces morceaux permettent une pause, situés entre deux sources d’intensité : les morceaux turbulents d’une part, et les compositions ambient d’autre part. Le pont est assez bien réalisé avec un morceau comme ‘Julie with…’, comportant des éléments de chaque monde.

Le caractère atmosphérique prend clairement le dessus au fil du disque, avec notamment la fin de la face B (on peut aussi ajouter ‘Energy Fools the Magician’ de la face A). Je pense en effet à ces deux réussites majeures d’Eno : le panorama de ‘Through Hollow Lands’, et ‘Spider and I’, chanson au climat particulièrement marquant. Des paysages désolés du premier laisse place au second, morceau propice à la méditation, tournée vers le futur de façon presque métaphysique. L’appel d’un autre monde, encore une fois…

Visionnaire, la pop hybride d’Eno atteint son apogée avec Before and After Science. La qualité des morceaux, diversifiés et recherchés, est sans faille. Les compositions s’ouvrent sur un monde personnel mais universel, beau et poignant. Et c’est précisément ces éléments qui font de Before and After Science un témoignage réaliste des seventies, et l’un de mes disques préférés dans l’histoire du rock.

Note : 6/6

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire