Pop-Rock / Néo-Psychédélisme (U.S.A.)
Mercury Rev aurait un peu un parcours à la Pink Floyd, finalement. Deux groupes qui démarrent fort avec un premier album repoussant les frontières de la musique, sous la houlette d’un frontman un peu barré (ici David Baker, homologue de Syd Barrett), et qui fera ses valises quelque temps après. Les deux discographies se ressemblent car elles vont « progressivement » s’orienter vers un pop-rock plus accessible. Comme pour beaucoup d’autres groupes certes...
En tout cas, c’est précisément avec ce disque, et dans une moindre mesure avec le suivant, que Mercury Rev se montre le plus impressionnant, en forme éclatante, et très inspiré. "Your Self-Esteem" est en effet un opus plutôt remarquable, présentant un univers un peu malsain, compté sur une musique oblique et déjantée. Une forme de néo-psychédélisme malfaisant, enraciné bien sûr dans le rock, et prédisposé aux délires psychiques.
Chaotique et conflictuel, cet album sulfureux présente diverses facettes, celle d’un monde narcoleptique, transcendantal et nébuleux. Différents climats enveloppent ce disque résolument arty, avec pour moments forts l’aura ensorcelante de ‘Sweet Oddysee of a Cancer Cell T' Th' Center of Yer Heart’, l’apothéose acoustique de ‘Frittering’, l’abyssal et luciférien ‘Blue & Black’, et le décalé ‘Very Sleepy Rivers’, long morceau final évoquant un serial-killer, paraît-il…
Ainsi déconstruite et malmenée, la musique de Yerself Is Steam s’inscrit dans le panthéon de l’art expérimental des nineties, indubitablement. Exaltée, faisant tout pour être incomprise, elle reste celle du meilleur album d’un groupe en proie à des mutations futures et qui se vouera ultérieurement à d’autres horizons musicaux bien différents.
Note : 6/6
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