mardi 10 juillet 2007

Robert WYATT The End of an Ear (1971)

Robert Wyatt - The End of an Ear
Art-Rock / Canterbury (Angleterre)


Robert Wyatt… Sa musique est parfois associée dans mon esprit aux souvenirs fanés d’étés ensoleillés. Mais Robert Wyatt, artificier de la machine molle, c’est aussi une présence artistique notable, à l'origine d'une musique ambitieuse, et qui a marquée l’histoire. L’artiste abandonne Soft Machine pour enregistrer ce premier album, The End of an Ear, début fracassant de sa carrière solo. Mais il ne coupe pas les ponts avec son ancienne formation, s'entourant d’Elton Dean et de Mark Charig. À noter également la présence de Dave Sinclair (ex-Caravan), toujours dans la galaxie Canterbury.

Riche en hallucinations auditives, le disque va loin. Pour le moment, la musique de Wyatt semble parler davantage à notre intellect qu’à notre cœur, qu’à notre être. Au niveau de la structure de l’opus, on retrouve trois grands morceaux ambitieux, dont la reprise en deux parties de Gil Evans, ‘Las Vegas Tango’, et six titres plus courts. Les compositions sont au service d'un nouveau langage créé, exprimé par des délires vocaux, dans les pas d'un ‘Moon in June’, grand classique du 3ème volume de Soft Machine.

The End of an Ear est en effet un véritable moment psychédélique, mais durant lequel on retrouverait la grande culture de Wyatt. L'œuvre va un peu dans tous les sens, d’où un grand sentiment de liberté éprouvé chez l’auditeur. Les intuitions free-jazz sont bien présentes, tout comme certaines expériences sonores déviantes (‘To the Old World’). Mais notons aussi ‘To Carla, Marsha & Caroline’, plus mélodique, et un peu annonciateur de la mélancolie de Rock Bottom, le joyau discographique de Robert Wyatt.

The End of an Ear est ainsi un monde où mélodie, harmonies et rythmes sont dilués dans une frénésie expérimentale. Dès lors, avec le disque suivant, les expériences auditives seront au service du trouble de la psyché, et l’auditeur ne sera plus lié à la musique de Wyatt par un lien de respect, mais par celui du sentiment. Celui qui nous fera plonger… au fond du trou.

Note : 4,5/6

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