lundi 5 mars 2012

NICO Chelsea Girl (1967)

Nico - Chelsea Girl
Folk-rock arty (Allemagne)


À la fac, j’écoutais beaucoup le Velvet Underground (chroniqué ici-même). Leur esthétique austère et déroutante, urbaine et européenne, leur propension à l’avant-garde, la mélancolie qui s’installait dans leur musique… Tout était là pour me plaire. Ainsi, j’ai de l’estime pour le premier album de Christa Päffgen, alias Nico, qui permet, certes d’une autre manière, de prolonger sa participation sur le légendaire album The Velvet Underground & Nico.

D’une part, le titre de son premier disque solo se réfère à un film de 1966 dans lequel elle a figuré : Chelsea Girls d’Andy Warhol, parrain du VU. D’autre part, non seulement la production est assurée par Tom Wilson (le producteur « réel » du premier VU), mais la moitié des chansons est écrite par des membres du Velvet (Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison). Parmi ces dernières on compte plusieurs réussites, constituant le cœur de l’album : ‘Chelsea Girls’, longue ballade douce et subtile, faussement naïve ; ‘Winter’, rythmé par les saillies du violon cinglant de John Cale ; ‘It Was A Pleasure Then’, forme de méditation sobre et ascétique, à mi-chemin entre l’hostile et l’ésotérique.

Pourtant, le disque n’est pas exempt de contradictions. Contradictions fécondes ou non. En fait, trois morceaux sont écrits par Jackson Browne. Deux d’entre eux sont assez relevés et ouvrent le disque. Il s’agit de ‘The Fairest of the Seasons’ et de ‘These Days’. Leur interprétation reste assez étrange au vu de la nature mélodique de ces compositions (que des arrangements de type chamber pop n’auraient pas déparées). On assiste alors à un choc de culture. Ces compositions raffinées se frottent à la voix dure de Nico. Son chant, en général plutôt libre, semble devoir se brider pour se conformer à ces structures de morceaux bien établies. Le résultat est intrigant, très réussi et envoûtant, cette ouverture de disque attirant immédiatement l’oreille avertie de l’auditeur.

Je suis en revanche beaucoup moins fan de la voix de Nico sur ‘Somewhere there’s a Feather’, autre titre de Browne. Et concernant les autres morceaux je les trouve également moins convaincants, restant agréables tout au plus. Notons aussi un titre de... Bob Dylan, ‘I’ll Keep It With Mine’, mais comme le reste, je le trouve un tantinet anecdotique. Il devient néanmoins difficile de se plaindre ici de la qualité de l'entourage artistique de la dame...

Chelsea Girl, créateur de contrastes, est un bon début pour l'aventure « solo de Nico », même si son style si particulier ne se dévoilera que sur le prochain album The Marble Index, avant de prendre son envol sur l’emblématique et visionnaire Desertshore. D’ailleurs, la chanteuse elle-même était un peu effrayée par son premier disque, notamment à cause de certains arrangements qui lui déplaisaient fortement. Mais n’ayons crainte, elle aura l’occasion de retrouver toute sa liberté créatrice sur les albums suivants.

Note : 4,5/6

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