O.S.N.I. (U.S.A.)
Que se cache derrière cette pochette étrange nous rappelant le film Un chien andalou de Buñuel ? Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un rasoir, même extra-terrestre, mais d’un chauliodus danae séché, et recourbé autour d’un oeil. Cela étant, le disque porte bien des accents cinématographiques (allmusic.com fait d’ailleurs une comparaison avec Lynch) et cherche à convertir notre regard sur l’art comme le fit le court-métrage de Buñuel. Autre fait saillant : Mr Bungle est marqué, entre autres, par la présence de l’excellent frontman polymorphe Mike Patton de Faith no More, groupe très important pour moi.
De manière générale, Disco Volante se présente comme un album extra-terrestre et surréaliste, oblique et farfelu, en plusieurs dimensions, sous la forme de véritable puzzle musical, les morceaux changeant un peu tout le temps au fil de juxtapositions sonores. Parmi les meilleurs passages on pense principalement à ‘Desert Search for Techno Allah’, titre technoïde moyen-oriental très réussi (dans une veine pas si éloignée de ‘Hizbollah’ de Ministry), mais aussi au cinématographique et mouvementé ‘Violenza Domestica’ que j’ai envie de rapprocher de ‘NY3’ de Fripp, pour le climat domestique étouffant, mais dans un genre différent. On note aussi ‘After School Special’, rappelant l’enfance mais terminant sur une note assez dérangeante, tout comme le glauque ‘Everyone I Went to Highschool With is Dead’, remémorant quant à lui les années révolues du lycée. Mais on retiendra surtout ‘The Bends’, magnifique film d’épouvante de 10 minutes (avec notamment cet excellent petit passage musical : ‘Love on the Event Horizon’). Avec ce titre importantissime, on a vraiment l’impression d’être dans le cœur d’une bête aquatique, ou dans une salle des machines sous-marine un peu étrange. Soulignons enfin les ambiances sympas et intimistes du discret ‘Backstrokin’’ et le burlesque psyché-jazz-thrash dépaysant de ‘Carry Stress in the Jaw’ (quoique très lourdingue par moment).
Dans l’ensemble du disque, les musiciens, le diable au corps, montre l’étendue de leur savoir-faire, de leur maîtrise instrumentale et leur façon d’assembler des idées les plus saugrenues, en tentant de créer une œuvre insaisissable, comme celles de Zappa ou des Residents. Hardcore bruitiste, pop charismatique, avant-garde échevelée façon Zorn, la soucoupe volante fantomatique de Mr Bungle/Buñuel reste donc un objet particulièrement énigmatique et complexe. Et bien plus : il s’agit d’une ode à la folie qui aura déconstruit les habitudes musicales et sonores pour longtemps.
Note : 5/6
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