
Progressif Symphonique (Angleterre)
England, formation peu connue… et pourtant maîtresse dans l’arrangement musical, la connaissance du progressif briton, et l’hommage aux grands du genre… Capable d’ourdir des pièces oniriques, classieuses et ornementées, England nous transporte dans l’univers de Genesis, Crimson et surtout Yes. C’est vrai, en le réécoutant ces derniers jours, je sentais, presque amusé, avoir en face de moi une nouvelle forme de tribute band… mais il ne s'agit pas ici d'un banal travail de synthèse car les musiciens parviennent à dessiner un panorama musical encore très personnel, munis d'une palette d'émotions intenses et diverses. Et puis recréer le jardin secret des références du progressif n’est pas une mince affaire…
Dans Garden Shed, tous les ingrédients du rock prog sont là (ornementations raffinées, structures et rythmes complexes, mellotron mystique...), le tout joué avec une maîtrise chirurgicale de l'instrument, mise en valeur par une production de lumière. Déjà, l’ouverture est un retour en force vers les régions de Foxtrot de Genesis… précédant une première immersion dans le monde de Yes. Et puis, dès la première écoute, je fus renversé par l'introduction si pure de ‘Three Piece Suite’, morceau exceptionnel et nostalgique, appuyée par une dynamique à la Yes (mais pas seulement), nous emmenant très loin dans le temps et dans l'espace... Introduit élégamment par le piano de ‘All Alone’, il laisse bien entrevoir chacune de ses trois facettes, tout en restant extrêmement cohérent. L'autre long titre du disque, ‘Poisoned Youth’, est lui aussi un must, grâce à son architecture musicale et ses mélodies enivrantes : le refrain vers 5:47 et 14:07, le passage solo vers 10:20, mais aussi cette petite section très Crimsonienne, vers 7:15, propulsée par ses percussions froides tranchant agréablement avec le reste du morceau… Pour le reste, si ‘Paraffinalea’ est un tantinet empoisonnant par moment malgré de bonnes idées, ‘Yellow’ reste un titre bien sympathique et distingué, garantissant l’identité et l’homogénéité du tout.
Datant de 1977, on aurait tort de penser que Garden Shed mérite de se faire balayer par l’ouragan punk… Bon c’est vrai, si l’on se distrait à y voir tour à tour les réflexes entretenus par les maîtres du style, on peut aussi faire la moue devant certains passages très typés, jugés comme des fautes de goût ou des caricatures. Mais dans l'ensemble, je vois l’album comme une relecture brute et très solide du progressif symphonique anglais, fidèle à son éclat et exécutée avec toute la subtilité nécessaire pour l’aborder comme un authentique délice.
P.S. : l’édition japonaise (pressage cartonné/papersleeve) que j’avais réussi à ma procurer propose un titre en bonus, ‘Nanogram’, disponible dans la compilation The Last of the Jubblies.
Note : 5/6
M.A.J. le 23/10/12
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