Krautrock (Allemagne)
Phallus Dei ? Certes, mais cet opus ne serait-il pas tout droit sorti de la cuisse de Satan ? C’est en tout cas sur les atmosphères que se jouera principalement l’intérêt de ce disque séminal. Et aussi sur la place primordiale qu’occupent souvent les percussions (cf. Amon Düül I, comme quoi les deux groupes sont issus du même œuf). Le morceau d’ouverture, ‘Kanaan’, est d’ailleurs une réussite exemplaire, et pas uniquement à ce niveau : mélodie orientale, instrumentations d’outre-tombe, et fin psycho-métaphysique… Cependant, je n’aime pas certaines parties vocales du disque ; certaines sont assez niaises, pas toujours bien chantées, et ont à mon sens mal vieilli. Ce sont les deux titres suivants qui en font les frais. Quant aux instrumentations, occupant d'ailleurs la quasi-totalité de l’espace, elles restent en revanche de très grande qualité, brutes et énergétiques, et un peu embrouillées dans une production avorton possédant un charme sonore évident (autre point commun avec Amon Düül I). Mais notons aussi l’ambition du groupe : la longue suite éponyme en est la preuve vivante (décomposition : atmosphère sorcellerie – jam progressif – apparition des voix – motifs au violon – danse africaine et percus – mélodies de violon avec accompagnement puis voix – finish ascension céleste). Ici, tous les points forts du groupe dont nous avons parlés vont être réunis. Et il y a surtout, en milieu de piste, cette danse tribale et sauvage, soutenue par des percussions frénétiques et possédées… Il y a une vraie communion magnétique et spirituelle entre les musiciens (rappelons que le line-up s’est élargi). En fait, dans Phallus Dei, œuvre visionnaire, le psychédélisme nomade rejoint l’univers gothique, l’esprit jazz, l’improvisation blues, la culture roots et l’héritage Stockhausen pour un concert mystique, lugubre, et habité. Pour un voyage infernal, hors du temps, hors de l’espace.
Note : 5/6
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