Néo-progressif / Pop aérienne (G.B.)
Marillion à la croisée des chemins… dans l’élaboration d’une nouvelle formule qui fera date. Un nouvel artwork déjà, résolument moderne, qui tranche avec l’imagerie du passé mais en en gardant quelques traces symboliques, celles du caméléon et de l’oiseau, du clown et du bouffon. Un nouveau chanteur surtout, Steve Hogarth, qui place sa voix sur un disque pratiquement déjà composé et qui n’attendait plus que lui… pour remplacer Fish qui avait déjà fait ses valises. Certes, si la majorité des textes est écrite par John Helmer, Hogarth pose sa pierre à l’édifice en ajoutant indubitablement, et pour longtemps, une personnalité artistique propre, au service d’une musique qui se tourne davantage vers une pop aérienne et délicate… En fait, ce qui me trouble le plus dans ce disque c’est la foi, la puissance spirituelle qui émane de l’ensemble. Quelque chose de véritablement ardent, vibrant, quelque chose d’intrinsèquement profond et humain, illuminant la totalité d’un disque mettant en évidence un groupe à l’apogée de son art. Rarement, Marillion fut aussi intense dans sa musique. Et beaucoup de moments forts consolident évidemment ce sentiment… Déjà, l’entrée en matière, dans laquelle Marillion dévoile tout son art : ‘The King of Sunset Town’, morceau dont j’aime particulièrement la fin, tout en subtilité… Puis vient ‘Easter’, un classique du groupe, qui brille par ses mélodies et parties de guitares. Mais surtout, après le dynamisme volontaire de ‘The Uninvited Guest’, se met en place ‘Seasons End’, un morceau émouvant jusqu’aux larmes, fragile et pénétrant... Un hymne à la vulnérabilité, doté d’un solo floydien impérieux et d’une coda hypnotique assez hallucinante, faisant irrémédiablement voyager l’auditeur. Puis c’est le couplet de ‘Holloway Girl’, efficace, lucide, décisif… avant que se dévoile toute la ferveur de ‘Berlin’, une chanson absolument sublime ; le passage avec le sax y est d’ailleurs tout bonnement terrible, et puis là encore, le titre se finit de la plus belle manière, avec ces atmosphères troublantes et si personnelles… Ambiances que l’on retrouve sur ‘After Me’, avant que le disque ne se referme sur une autre coda magistrale, celle de ‘The Space…’, toujours dans une grande intensité... Le disque joint la pureté de la nature, illustrée ici par l’artwork, à l’accomplissement artistique de l’humain. Magnifique, témoignant d’une grande humilité, Seasons End se révèle un opus de qualité, habile et exigeant, d’une grande sensibilité. Un tour de force dans un moment crucial pour le parcours de Marillion : la fin d’une saison et déjà un sommet artistique.
Note : 5,5/6
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