Expérimental / Atmosphères (Angleterre)
Tout comme son prédécesseur, Laughing Stock demeure un véritable éveil musical... touchant de près la grâce. Mais Talk Talk va encore plus loin, et poursuit sa mue. Convoquant des musiciens venant du jazz, le groupe affine encore plus son style et nous fait voyager vers des contrées jusque-là encore inexplorées. Amateur de Messiaen et de Schoenberg, de Can, de John Cage, de Ravel et de Donatoni, amateur de Miles Davis & de Gil Evans, Mark Hollis pousse ici l’érudition et la sincérité à son maximum, offrant une musique pure et libre. Merveilleuse.
Déjà, la pochette nous montre la voie ; depuis la dernière fois, les coquillages semblent s’être transformés en oiseaux. Talk Talk nous dévoile une nouvelle façon de prendre contact avec la beauté et avec la nature. Mais Laughing Stock s’apparente également à une musique sémiotique, symbolique, matérialisation sonore de ce qu’est pour nous l’environnement naturel. Les morceaux nous évoquent même parfois des bêtes mystérieuses faisant subitement sortir des buissons leur museau ou la pointe de leur bec.
Ainsi, une nouvelle façon de prendre contact avec la beauté et avec la nature. Avec le plaisir aussi. Laughing Stock semble être une œuvre géométrique, révélant en son sein plusieurs dimensions. Une fois de plus, Talk Talk nous fait découvrir une musique… spatiale. Des grands vides symboliques du silence, au surgissement des sons et textures les plus inédites. Et puis toujours ce sens de la construction à partir d’improvisations… Talk Talk au sommet.
Mark Hollis a réussi à emprunter de nouveaux chemins, sans pour autant renier sa période passée, même si rien ne la laisse transparaître dans cette œuvre. Avec Tim Friese-Greene, qui cosigne tous les morceaux, il nous offre la quintessence de son art. Urbain et naturaliste. Passionné, éthique, à la recherche des essences. Et du silence. Laughing Stock est indéniablement une musique dans laquelle il se passe des choses. Elles surviennent. Comme la beauté de ‘After The Flood’, ou encore de ‘New Grass’. Hallucinantes, sensibles compositions. Sans oublier les panoramas de ‘Myyrhman’, ‘Taphead’, ‘Runeii’…
Un nouvel aboutissement. Laughing Stock, opus d’émerveillement intense, mais disque sombre également, introspectif, révélant une nouvelle façon de communiquer, plus sincère, plus trouble. Laughing Stock, le disque de l’instinct, de l’inconnu, de l’impossible à reproduire, de l’improvisation. De l’intime. Laughing Stock, l’album des sacrifices et de la transgression des frontières psychiques, l’épreuve redoutable pour l’ensemble des musiciens qui l’ont façonné. Laughing Stock, le point d’orgue d’une carrière exemplaire et atypique. Laughing Stock, l’album de la fin.
Note : 6/6
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