Progressif / Concept Album (Angleterre)
The Lamb… est la troisième grande pièce de la discographie de Genesis. Un grand concept album fantastique où l’on parle d’une parade d’emballages sans vie, d’un anesthésiste surnaturel, et d’hommes-chaussons… Déjà, la production joue une fois encore un rôle primordial dans la qualité d’ensemble de ce double album. Grâce à ce vernis, les titres de The Lamb… apparaissent modernes et intemporels. Il n’est finalement pas étonnant que les trois grands opus du groupe présentent à chaque fois une production non seulement remarquable, mais différente, donnant un relief très particulier aux morceaux.
Et comme dans tout disque de Genesis, que ce soit les trois grands ou les moins connus, les musiciens montrent toute leur habileté à travailler les atmosphères conceptuelles. On connaissait les nappes de mellotron de Foxtrot, les ambiances énigmatiques de Selling England by the Pound (vous savez celles qui vous donnent envie de vous enfoncez dans des forêts lugubres et mystérieuses), on connaît dorénavant celle de The Lamb… : de la pure nostalgie, un voyage dans le temps et dans des espaces infinis, dans des endroits insolites comme ces chambres aux 32 portes, ces bateaux vides d’où résonne une tristesse silencieuse et pesante, ces ravins profonds et angoissants, ces rapides dans lesquels nous sommes projetés malgré nous… bref un nouvel univers mystérieux qui se dévoile à nous.
Quelque chose de profond émane de ce disque, qui en même temps garde une certaine froideur. Mais derrière la glace que l’on parvient à briser se cache un certain nombre de morceaux incontournables. Il est vrai que ‘The Lamia’ est un argument de poids. Un titre comme celui-ci fait la différence avec pas mal d’autres concept albums : cette mélodie si remarquable… et puis la fin du morceau où se joignent flûte et percussions dans un instant furtif mais vraiment mémorable... Avec le symbolique ‘In the Cage’ et ses cascades instrumentales, ‘The Lamia’ fait partie de ces grands cols du disque, imparable et surhumain.
Que de mélancolie ici et là, dans tant de grands moments… dans ‘Hairless Heart’, ‘In the Rapids’ ou ‘Anyway’, des instants magiques… Et n’oublions pas évidemment ‘The Light Dies down on Broadway’ qui reprend partiellement la mélodie du morceau titre ouvrant le disque (ah ce piano au début de l'album…) et l’étincelant ‘Carpet Crawlers’ qui nous trimbale un peu n’importe où, un peu malgré nous. Quant aux atmosphères du fabuleux et eno-esque ‘Silent Sorrow in Empty Boats’, de l’excellent ‘Ravine’ ou encore du terrifiant ‘The Waiting Room’, elles nous transportent plus loin que nous l’imaginions.
Les musiciens apparaissent en grande forme, que ce soit Banks et ses envolées de synthétiseur (‘In the Cage’, ‘Riding the Scree’, ‘The Colony of Slippermen’), Collins et son jeu de batterie affûté et percutant (‘The Lamia’, ‘In the Cage’, ‘Carpet Crawlers’), Peter Gabriel (la voix sur ‘Carpet Crawlers’ par exemple…), Hackett et ses guitares délicieuses (‘Here comes the Supernatural Anaesthetist’), Rutherford et sa basse (‘Fly on a Windshield’)…
Genesis joue alors avec les dimensions ; il nous oppose à la proximité de morceaux intimes... mais nous plonge également dans des infinis spatio-temporels, ces mêmes infinis qui nous effraient… ce vide qui suscite tant d’interrogations. The Lamb… est plus qu’un disque, c’est une quête, une véritable aventure comme seul le groupe sait en raconter. Et accessoirement, un concept album incontournable dans l’histoire de la musique rock. "Yes it's only knock and knowall, but I like it...".
Note : 6/6
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire