Progressif (Angleterre)
Peut-être semble-t-il nécessaire de retourner les stigmates de The ConstruKction of Light pour en faire un bon disque. Je dis cela à ceux qui n’ont pas aimé l’esprit de cet album, ceux qui sentent du coup qu’ils vont devoir le retourner comme un gant pour tenter d’y trouver quelque chose à leur goût. Pour ma part, je ne le vois pas comme un grand disque mais comme une œuvre pertinente qui joue sur la froideur des sons et la mécanique des structures des compositions.
The ConstruKction of Light est une machine hostile et calculatrice, synthétique et futuriste, une machine purement technologique sans le moindre trait humain, sans cette chaleur que l’on pouvait rencontrer dans les œuvres précédentes, et qui manquera à ceux qui boudent l'album. C’est vrai aussi, la voix traficotée de Belew n’est pas toujours agréable et les chansons l’accompagnent parfois péniblement sans inspiration (‘ProzaKc Blues’, ‘The world's my oyster soup kitchen floor wax museum’).
Mais sur le morceau-titre, la magie entre en jeu et l’osmose est bien visible entre la mélodie et son accompagnement que Fripp, Gunn et Mastelotto tricote comme personne. Les sons sont tantôt lumineux, tantôt plus sombres, et un monde semble parfois s’entrouvrir dans une lueur à peine perceptible mais qui laisse augurer le meilleur, ce que l’on retrouvera aussi dans ‘Into the frying pan’ et le morceau final des ProjeKct ‘Heaven and Earth’.
Penchons-nous sur un autre morceau : ‘FraKctured’, qui n'est rien d'autre qu'une version en acier chromé de ‘Fracture’, que l'on trouve sur Starless and Bible Black. Il résume ce que le disque a de meilleur, proposant une structure très intelligente, des mélodies énigmatiques, et un solo frénétique réalisé avec une grande maîtrise exécution et qui vous transportera dans un tourbillon de technique. On retrouvera ce genre d’émotions dans la seconde partie de la très honorable suite ‘Larks' tongues in aspic part IV’, un morceau qui apporte pas mal au disque malgré sa coda un peu irritante.
En fait, le disque semble renfermer quelque chose de plus sincère et de plus humain derrière ces agencements de motifs techniques. C’est peut-être en changeant notre rapport à ce disque que l’on va découvrir ce qu’il cache réellement. L’essentiel est peut-être en retrait. L'album fuit la caricature pour nous offrir un univers entre-déchiré entre la lumière et les ténèbres, entre une technique déshumanisée au possible et une lueur d’espoir bien vivante. Un bon disque donc, que je conseille de découvrir, avec ses qualités et ses défauts.
Note : 4/6
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