samedi 18 février 2012

OPETH Morningrise (1996)

Opeth - Morningrise
Death métal progressif (Suède)


Nouvelle énigme d’Opeth, Morningrise est le premier album d’envergure du groupe. Orchid avait déjà tracé un chemin, de manière plutôt réussie, mais Morningrise pousse Opeth vers une nouvelle dimension. Déjà, la pochette reste des plus sublimes et des plus évocatrices. Pour avoir acheté le vinyle, je reconnais que c’est un vrai plaisir de pouvoir l’admirer sur ce format. Et puis ce son… Dense, opaque, équilibré, brillant, éclatant. Les guitares rugueuses et sombres sont toujours de mise, la saturation est lourde, mais Opeth ourdit ici une très belle synthèse acoustique/électrique (avec parfois des passages au chant clair), quelque part entre la puissance du death metal et les atmosphères forestières du black metal. La basse se gonfle, claque, s’entortille, la batterie percute, explose, groove. La section rythmique fait souvent preuve d’un feeling étonnant et enivrant, parfois presque jazzy. Et tout se développe au sein de larges structures, encore une fois complexes, avec une expertise du son et de l’arrangement un cran au-dessus de l’opus précédent. Morningrise semble davantage porteur de sens qu’Orchid qui, sans négliger ses qualités, lui ferait presque office de brouillon. Toujours très sibyllin, à la fois sombre et lumineux, ce deuxième album a beaucoup à offrir. ‘Advent’ est un classique des ouvertures de disques opethiens : une introduction fracassante, une incursion des guitares acoustiques, de grands moments organiques pour la section rythmique, une envolée de chant clair, une tempête de basse sinueuse… Les premiers ingrédients sont présents. Et Opeth nous dévoile tout son ‘Nectar’, une des plus belles réussites du groupe, avec notamment cette séquence entêtante dans laquelle la guitare acoustique et la basse se rencontrent dans une vraie dynamique progressive [autour de 8:00]. ‘The Night and the Silent Water’ qui le précède n’est pas en reste. L’hymne à l’eau noire. On retrouve les lignes mélodiques et les riffs renversants et efficaces qui font lorgner Opeth du côté du dark metal suédois (stricto sensu, ce qui conforterait l’idée d’une synthèse black/death si on veut). Une section plus calme s’y dévoile également, plus méditative. Mais le cœur du disque, progressif, réside peut-être dans les vingt minutes de ‘Black Rose Immortal’. Une ode électrique et folk, pleine de rage mais aussi de souplesse rythmique. Le groupe étire les structures naturellement. Certes, cette longue pièce regorge de différents mouvements plus ou moins autonomes, mais ces derniers s’associent plutôt bien. ‘Black Rose Immortal’ est plus difficile d’accès que le reste du disque mais il résume assez bien l’ensemble, asseyant un peu plus son homogénéité. L’opus se referme sur des points de suspension, ceux de ‘To Bid You Farewell’, forme de ballade opeth-ienne subtile et complexe, mettant encore une fois en valeur l’identité forte du groupe. Devant tant de richesses, de compromis artistiques nécessaires, Morningrise ne se trouve pas loin du zénith. Non loin de la perfection, non loin de l’absolu. Opeth a encore beaucoup à nous faire découvrir. Avec ses deux premiers disques nous ne sommes qu’à l’aurore d’un grand voyage. La route est longue, les écoutes exigeantes. Et ceux qui persévèrent découvriront sans mal les secrets que Morningrise veut révéler.

Note : 6/6

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