Néo-progressif / Pop-Rock acoustique (G.B.)
Après une succession de disques assez monumentale, This Strange Engine marque un peu le pas dans la carrière de Marillion. Tourné parfois vers une forme de pop acoustique, ce nouvel opus, extrêmement inégal, ajoute au demeurant des éléments intéressants à la discographie du groupe. Je pense tout d'abord à certaines dynamiques de l'ouverture, ‘Man of A Thousand Faces’, titre plutôt rythmé et entraînant, mais qui pèche par un refrain un peu minable et un final pompeux... Difficile ensuite de résister à l'écriture appliquée du très beau ‘One Fine Day’, chanson nostalgique et amère, interprétée avec une certaine finesse. Et puis bien sûr le voyage proposé par ‘Estonia’ demeure mémorable, notamment grâce à sa section middle envoûtante... Enfin, j'ajouterais ‘The Accidental Man’, assez efficace, sans être renversant. Bon malheureusement, à côté de cela, il faut se coltiner ‘80 Days’, ballade acoustique improbable à la faiblesse d'écriture ahurissante, le genre de rengaine indolente dont on ne pensait pas Marillion capable. Si le très emprunté ‘Memory of Water’ n'arrange rien à l'affaire, tendant à l'autoparodie, le très (très) niais ‘Hope for the Future’ noircit le tableau de façon considérable. Marillion pouvait sembler à la limite de ses possibilités, ou tout du moins en danger dans certains passages des œuvres précédentes, mais on ne pouvait, ou ne voulait trop croire à la possibilité de ce genre d'écarts. Pourtant le Rubicon semble être ici franchi, les limites du mauvais goût aussi. Il est d’ailleurs vraiment étonnant de se rendre compte d'un tel contraste en terme de qualité au sein des différents morceaux, de belles réussites côtoyant des compositions médiocres et indignes, clichés de platitude et de sentimentalisme dégoulinant. Peut-être que le morceau-titre, petite pièce de près de seize minutes, pourrait nous permettre de trancher en faveur du disque dans sa globalité ; cette suite réconcilie temporairement le groupe avec le monde du progressif proprement dit, de par sa structure alambiquée et ses moments floydiens. Je dois dire que l'ensemble mérite vraiment qu'on s'y attarde, et notamment toute la seconde partie, riche en moments d'excellence : soli de sax et de guitare triomphants, nappes de claviers discrètes et enivrantes, final contrôlé et maîtrisé... Toutefois l'impression d'un album particulièrement décousu ne peut que s'estomper, à défaut de vraiment disparaître. Encore un peu trop poussif dans l'ensemble et un peu trop banal aussi, sans réelle personnalité (à moins qu'il ne la pousse parfois jusqu'à la caricature), ce disque semble parfois manquer de souffle et demeure dès lors dans l'ombre de ses prédécesseurs. Les plus belles années de Marillion semblent derrière eux, même si de très bons moments musicaux présents ici sont à considérer simplement.
Note : 3,5/6
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