Néo-progressif / Pop-Rock moderne (G.B.)
Afraid of Sunlight ressemble au petit frère de Brave. Qualitativement et stylistiquement d’une part… et conceptuellement d’autre part, puisque les diverses compositions tournent autour d’une même thématique : ici, la célébrité et ceux qui s’y brûlent les ailes. Cependant cette fois, les morceaux de l’album semblent conserver chacun une identité forte et peu de liens musicaux entre eux. Pour leur dernier disque avec EMI, Marillion nous offre en tout cas une forme de pop-rock moderne, illuminée par les divers instruments. Comme dans Brave, les ambiances, lyriques et romantiques, généralement mélancoliques, sont bien accentuées et prennent ainsi un rôle central, valorisées par une production lisse et profonde. L’écriture reste toujours très fine, efficace et sensible, dévoilant une nouvelle fois des compositions travaillées, précises et de haut niveau ; mis à part l’étrange et sanglant ‘Cannibal Surf Baby’, petit clin d’œil bizarroïde aux vénérables Beach Boys, chaque titre se montre vraiment à la hauteur. L’ouverture, curieusement nommée ‘Gazpacho’, reste de très bonne facture, soignée et lumineuse, marquante par ses parties de guitare étincelantes. La ballade ‘Beautiful’, atypique et radieuse, nous présente quant à elle un monde onirique, un peu rose bonbon, sur une mélodie simple et directe emmenée par la voix de Steve Hogarth, pleinement dans son sujet. Mais ce sont sans doute les titres de la seconde moitié de l’album qui tirent leur épingle du jeu. Si j’aime bien la douceur diaphane d’‘Afraid of Sunrise’, comment ne pas être proprement subjugué par ‘Afraid of Sunlight’, morceau céleste et touchant, particulièrement brillant ? Quant à ‘Out of this World’, et ses atmosphères confinées et dépressives, introspectives et pénétrantes, il demeure un moment musical particulièrement sombre et poignant. Cependant, mon titre fétiche reste indubitablement ‘Beyond You’, que je place parmi les joyaux du groupe. Calme et nocturne, ce titre révèle à nouveau avec habileté des sentiments contenus, sur un texte de toute beauté, à la simplicité troublante. Une chanson en clair-obscur, fantastique et rayonnante, précieuse et intime, une forme d’élévation, pure et éclatante. Enfin, l’opus se termine avec le mémorable ‘King’, et sa coda en incandescence : une fin en apothéose pour l’un des grands disques de Marillion, moment majeur pour un groupe qui n’en finit plus d’exceller depuis Misplaced Childhood. Enivré et éclairé par une période fertile pour la composition, Marillion apporte ici une nouvelle réussite indéniable, pleine de fraîcheur et de générosité.
Note : 5/6
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