lundi 1 août 2005

KING CRIMSON Red (1974)

King Crimson - Red
Progressif (Angleterre)


Pour ce classique du rock progressif, King Crimson n’est plus qu’un trio : Bruford, Fripp, Wetton. Qu’on se rassure, David Cross est toujours là au violon en tant que musicien additionnel, accompagné notamment de Ian McDonald (saxophone alto) et de Mel Collins (saxophone soprano). Ici le groupe développe une musique sombre et rageuse, dans laquelle l’énergie côtoie parfois une forme de malaise ambiant, comme sur les deux premiers morceaux : le très carré et menaçant ‘Red’, imposant de par sa noirceur si brute ; et ‘Fallen Angel’, un titre à la mélodie subtile. ‘One More Red Nightmare’ continue de vous ensevelir dans cette atmosphère si particulière et hostile mais qui nous semble si proche. Ce titre permet également, comme l’ensemble du disque, de continuer à découvrir les talents de Bruford à la batterie, et ses sons si particuliers, secs et froids. Ensuite, ‘Providence’ tutoie des ambitions expérimentales et avant-gardistes un peu obscures mais au final plutôt réussies. Le genre de truc qui pourrait en laisser froid plus d'un, mais qui pourrait également attirer les esprits les plus curieux. Enfin, Red se clôture par un long morceau, sublime et crépusculaire, mélancolique et très bien structuré : ‘Starless’. Ici la recherche sonore au des textures s’avère encore fructueuse. La mélancolie nous transporte vers d'autres sphères et la qualité d'interprétation, elle-même très diverse, se révèle une fois encore captivante. Quand au finish du morceau, magistral, il remplit à nouveau nos yeux de larmes de lumière et d'émerveillement. Red prouve une nouvelle fois que King Crimson a troqué au fil de sa carrière une dépression pour une autre, délaissant cette forme de déprime peut-être encore trop romantique des débuts pour s’enfermer dans quelque chose d'encore plus malsain et névrotique. Dès Larks’ Tongues in Aspic, et même peut-être avant, on sentait que ce groupe savait évoluer sur le fond comme sur la forme (la pop s’est de plus en plus effacée au profit de l’avant-garde et du jazz, éléments pourtant bien présents dès le premier opus). Red, grâce notamment à l’héritage musical laissé par les deux précédents disques dont il se fait témoin, est une marche supplémentaire dans l’évolution de King Crimson, dans la mutation d’un groupe sachant aller vers le haut, tout en plongeant parfois ses auditeurs dans les abîmes les plus tristes et intérieures. Entre la rage et le désespoir. Entre le rouge et le noir.

Note : 5,5/6

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