Progressif (Angleterre)
Le psychédélisme et le progressif sont deux courants qui sont liés, qui se cherchent et qui finissent par se trouver dans certains disques, comme Pawn Hearts, œuvre d’une alchimie parfaite entre culture progressive et illuminations psyché. Que ce soit dans l’extravagant et schizoïde ‘Lemmings’, dans ‘Man-Erg’, morceau à la douceur trompeuse, ou encore dans cette grande pièce montée, ‘A Plague of Lighthouse-keepers’, titre épique et spatial, l’osmose est totale et la maîtrise instrumentale remarquable. Van der Graaf Generator présente ici sa marque de fabrique, son énergie brute pas toujours très lointaine d’une forme d’agressivité, et bien plus encore : ces chirurgiens de l’arrangement musical œuvrent pour troubler nos esprits. Déjà, se dresse dans Pawn Hearts un monde énigmatique et surréaliste… qui n’est rien d’autre que ce qui se passe dans la tête de Peter Hammill. Et même dans les nôtres. Il s’agit d’un monde où se côtoient visions cornues et prophétiques, démence et désarroi. Un monde d’aliénation mentale, d’aberrations psychiques dans lequel errent de façon fantomatique les âmes détraquées et lunatiques en proie aux divagations agoraphobes et paranoïaques les plus intenses. Mais comment oublier également ces mélodies pleines de mélancolie et de tristesse qui se glissent dans ces morceaux colossaux ? Elles montrent l’égarement et toute la vulnérabilité de Peter Hammill. Ici « être perdu » fait sens comme rarement cela a pu le faire. D’ailleurs on se demande bien quelle est la signification de ce disque, sa direction. On se laisse alors baigner dans ces hallucinations si angoissantes parce que si proches du réel… mais si proches de l’ivresse. Pawn Hearts est une oeuvre introspective et originale, visionnaire et riche, mais peut-être bien plus : c'est une véritable réflexion sur notre personnalité et sur les ambiguïtés de notre intériorité.
Note : 6/6
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire