mercredi 11 août 2010

MARILLION Brave (1994)

Marillion - Brave
Néo-progressif / Concept-Album (G.B.)


Cela commence par des bruits terrifiants, et cela ne vous lâche plus. Les chemins tortueux de Brave s’offre à nous. Une nappe de clavier envoûtante et dépouillée se pose sur le premier titre, simplement appelé ‘Bridge’, en guise d’introduction, et nous voilà projetés dans un monde où le temps et l’espace entrent en collision. Brave raconte une histoire basée sur un fait divers : une jeune fille rencontrée par des policiers, rôdant sur Severn Bridge, un pont connu pour les nombreux suicides qui y eurent lieu. Ayant perdu la mémoire, cette demoiselle fut incapable de répondre à leurs questions. Que ce soit sur sa vie, ou son identité. Mais Brave n’est pas qu’une fiction, c’est également le grand concept-album du groupe, qui s’était notamment déjà exercé sur le séminal Misplaced Childhood et sur l’emblématique Clutching at Straws. Tous les éléments de réussite propres à Marillion sont ici réunis : la maturité dans l’écriture, le renforcement de chacune des personnalités artistiques, la cohésion limpide entre les morceaux, la sensibilité sincère et mesurée de compositions introspectives et magnétiques, absolument troublantes. Jamais dans l’excès, toujours avec adresse et raffinement, Brave joue sur la variété des caractères, des émotions, et nous entraîne dans un voyage intérieur fascinant et absolument déroutant. Entre intimité et apothéose, les morceaux oscillent et ballottent l’auditeur dans des dimensions mentales et artistiques diversifiées, grisantes et irrésistibles. Je ne compte même plus les compositions qui peuvent entrer au panthéon de la carrière de Marillion, aux côtés de ‘The Last Straw’, ‘Childhood’s End?’, ‘Berlin’, ‘Seasons End’… et il est presque impossible d’évoquer, plus que d’autres, certains de ces moments d’existence, d’exaltation, d’extase. De bravoure… C’est bien simple, tout semble s’enchaîner à la perfection, à la façon d’un courant de conscience (écoutez le morceau-titre…), dans lequel chaque élément se dévoile progressivement pour laisser place à d’autres moments d’excellence. Le niveau ne faiblit jamais et l’on est indubitablement happé par cet acheminement, ce développement artistique qui n’en finit plus de lever le voile sur tout un tas de splendeurs à la précision d’écriture proprement effarante... Impossible non plus de regarder dans le rétroviseur où en est Genesis entre les 80’s et 90’s : déjà loin derrière actuellement. Certes, la comparaison semble hors de propos, et la formation de Gab’ le magnifique a déjà tout prouvé pendant les 70’s (le prodigieux The Lamb… entre autres, souvenez-vous…), mais au moment où elle traîne encore sa carcasse dans le monde de la pop, tout en méritant parfois d’être défendue, Marillion semble avoir quant à lui dépassé le maître, le temps d’un instant. Un groupe a fait son temps, l’autre lui succède. Avec Brave, Marillion tient ici son concept-album, son classique, son chef d’œuvre.

Note : 6/6

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