Progressif (Angleterre)
Starless and Bible Black est le deuxième volet de la période crimson-ienne la plus riche, amorcée par Lark’s Tongues in Aspic. Ce disque composé en partie de morceaux joués live et overdubbés n’en demeure pas moins un disque attrayant, malgré un certain manque d'homogénéité. S’agit-il alors d’un album décousu ou bien d’une œuvre fertile et variée ? Tantôt relativement aérien, tantôt plus claustrophobique, le disque propose aussi bien une pop douce-amère et flottante, un rock plus pernicieux, et des expérimentations maladives et inquiétantes.
La première face, démarrant en trombe par un curieux et endiablé ‘The Great Deceiver’, propose deux instrumentaux de très bonne facture : 'We'll Let You Know', et surtout l'onirique 'Trio' qui semble décrire de façon magnifique un paysage musical et métaphysique aux teintes pastel. Elle se compose également de deux très jolies chansons : ‘Lament’ et ‘The Night Watch’. Cette dernière entre en scène dans une cascade sonore et magique du plus bel effet et dispose aussi d’une mélodie assez envoûtante. Notons que les paroles… comment dire… étranges, sont écrites sous la plume de Richard Palmer-James. Enfin, 'The Mincer', morceau discret mais inquiétant, complète le tableau de fort belle manière.
Dès lors, durant le morceau titre présent sur la seconde face, la guitare distordue et toxique de Robert Fripp se fraye un chemin à coups de larsens dans cette musique noire et tendue d’où émerge une légère agonie de mellotron. Et quand la compo se débride, une très belle dynamique rythmique en émerge... Enfin, ‘Fracture’, le morceau final, demeure quant à lui plus mathématique et ses thèmes mélodiques très personnels en font un titre emblématique du groupe. Une composition absolument fantastique et particulièrement imposante, clôturant donc cette oeuvre de façon magistrale. On constate également un gros travail de Bruford sur les percus, comme à l'accoutumée.
Starless and Bible Black, qui prend un malin plaisir à mettre parfois l’auditeur mal à l’aise pendant l’écoute, a aussi la capacité de le submerger. Cette musique aux allures parfois antipathiques révèle ainsi un grand pouvoir. En effet, Starless and Bible Black, disque d’excellence pourtant controversé et parfois mal aimé, présente à mon sens un potentiel considérable (que l’on connaissait déjà) et parvient de ce fait à maîtriser totalement sa véritable proie : l’auditeur.
Note : 5,5/6
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