Jazz-Rock/Psychédélisme/Progressif (GB)
Je me rappelle avoir commandé ce disque par internet. Lors de sa réception, je fus captivé par l’objet, que j’avais « réel » devant moi. Auparavant, le disque m’intriguait, certes, mais c’était sa présence toute réelle qui se dévoilait enfin devant mes yeux et bientôt dans mes oreilles, ce jour-là. Ce sentiment était lié à pas mal de disques sortis pendant les 60’s et les 70’s, albums teintés d’une aura particulière. C’est vrai que les premières écoutes furent fébriles ; la richesse de la musique, son côté hypnotique, sa parfaite maîtrise instrumentale, son atmosphère sixties étrange… tout était là pour me faire perdre mon objectivité. De nombreux disques ont su attirer l’attention bien des années après leur parution, notamment grâce à leur symbolique, leur importance présumée et justifiée dans l’histoire de la musique rock… et Valentyne Suite fait partie de ceux-là.
Si l’histoire des rencontres entre le jazz et le rock est passionnante, Colosseum en aura écrit un des chapitres les plus importants avec Valentyne Suite. Cette musique plonge ses racines dans le passé, mais contribue également à l’avènement de ce style que nous affectionnons tant : le rock progressif. Alors, Valentyne Suite, un disque hors du temps ? Peut-être que la production donnera à l’ensemble un aspect brut, voire vieillot, mais le contenu tient pourtant le haut du pavé. La musique de Colosseum propose un certain équilibre entre le côté blues/rock/psyché et le côté jazz, entre l’expérimentation et la tradition. En 1969, nous sommes une fois de plus à la croisée des chemins.
Valentyne Suite se découpe en fait en deux grandes parties : 4 titres plutôt courts d’une part, et l’imposant ‘Valentyne Suite’ d’autre part. Pour cette dernière, il s’agit de 17 minutes sectionnées en trois actes illustrant les talents du groupe sur un terrain plus progressif. Parmi les premiers morceaux, on retiendra surtout l’élégant et estival ‘Elegy’, titre particulièrement réussi avec ses accents jazz, et le doré ‘Butty’s Blues’. L’énigmatique ‘The Machine Demands A Sacrifice’ et le rock abrasif et sauvage de ‘The Kettle’ demeurent des moments plus mélodiques mais mineurs par rapport au reste, à mon sens.
Intrinsèquement blues, souvent psychédélique dans l’esprit, l’album fait ensuite place à ce long morceau éponyme : ‘The Valentyne Suite’. Primal mais organique, sans cesse en incandescence, cette pièce montée en trois parties fait place à une instrumentation solide et vivante. L’énergie, la mystique et la maîtrise de l’ensemble n’est d’ailleurs pas sans rappeler le Ys de Il Balletto di Bronzo. Orgue débridé, chœurs mélancoliques, rythmique libérée, textures de saxophone obsédantes… tous ces éléments fusionnent parfaitement à travers un exercice libre, abouti, et qui laissent entrevoir la capacité des musiciens à savoir où ils vont : au cœur de la musique. Proposant une autre définition du rock, toute personnelle, ce long titre reste assurément un des morceaux décisifs de cette année 1969, donnant à la fois le statut de grand disque à Valentyne Suite mais préparant également la décennie de tous les possibles : les seventies.
Note : 5/6
P.S. : symboliquement, il s'agit du premier disque à porter la spirale du label Vertigo, je crois bien…
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