dimanche 31 juillet 2011

MERCURY REV All is Dream (2001)

Mercury Rev - All is Dream
Pop symphonique / Néo-psychédélisme (U.S.A.)

Dix ans après le séminal Yerself is Steam, on aurait presque du mal à reconnaître Mercury Rev avec l’apparat d’All is Dream. Pourtant entre temps, le groupe aura fait sa route (quitte à se perdre en chemin ?). C’est vrai, certains d’entre nous auront découvert Mercury Rev avec ‘Goddess on a Hiway’, sans pour autant fouiller dans le passé du groupe, préférant continuer avec la suite et le disque que voici. De mon côté, je reste davantage partisan des débuts, même si le successeur de Deserter’s Songs mérite bien d’être écouté pour ses aspects un peu mystérieux, qui n’ont d’ailleurs rien à voir avec la date de sortie, le 11 septembre 2001…

Au premier abord, All is dream lève le voile sur un univers de comptines féeriques et oniriques qui pourraient trancher avec les chemins sinueux dans lesquels s’était aventuré Mercury Rev au début des années 90. Ici, dès les premières notes de ‘The Dark is Rising’, l’auditeur est plongé dans une forme de délire majestueux un peu déroutant, limite « cinématographique », voire quasi-« fantastique ».

Si le titre même de ce premier morceau tranche avec sa musicalité, l’hypnotique ‘Tiders of the Moon’ qui lui fait suite montre que la rêverie sera bien équivoque, transpirant de cette ambiguïté, de ce trouble d’identité qui fait de Mercury Rev un groupe mi-innocent, mi-lugubre. Étrange énigme...

On retrouve la même dynamique un peu plus tard, avec le très bon ‘Little Rhymes’, également sombre, entêtant et envoûtant. Mercury Rev dévoile à sa façon le fond de son âme sombre et torturée, ses chimères et ses illusions, avec une réussite parfois inégale certes, mais toujours en proie à cette dualité intérieure dont le reflet naïf et bigarré n’est qu’un vernis trompeur.

Ce dernier aura vite fait de s’écailler au fil du disque ; tantôt rêveur, regardant vers le ciel azuré, tantôt tracassé, sentant le sol se dérober sous ses pieds, l’auditeur navigue dans un monde qui a parfois bien du mal à nous confier sa nature première. Et la mise en forme est elle-même double : pop parfois symphonique et orchestrale, pop parfois plus intimiste, proche d’une musique de chambre, soignée et légère, précieuse et pudique.

D’ailleurs, sans être expérimental, le groupe ne coupe pas totalement ses racines du monde progressif et psychédélique, notamment avec l’épique et auguste ‘Hercules’, ou encore grâce aux douces avalanches de mellotron du délicat ‘Spiders and Flies’. Les vues du groupe sont multiples.

Dans sa globalité, l’album est soigné, à défaut de montrer une véritable classe olympienne. On regrettera tout juste l’entrée en matière, un peu trop théâtrale et solennelle, et – déjà – un tantinet encombrante, ou encore ‘A Drop in Time’, niais et superflu. La voix de lutin de Jonathan Donahue pourra également rebuter quelques-uns, tout comme certains aspects sentimentaux, mielleux, voire mélodramatiques de certains passages.

Si All is Dream n’est pas la pierre noire de la discographie de Mercury Rev, il porte un éclairage nouveau et ambigu sur l’identité complexe du groupe, sur son sens de la mélancolie, sur la définition qu’il porte à la nostalgie. All is Dream demeure un album en trompe-l’œil, un disque dual pour les esprits songeurs, parfois accompli, parfois plus dérangeant, mais toujours entre évasion et réalité, entre rêve éveillé et cauchemar torturé.

Note : 4/6

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