Art Rock (Angleterre)
À l’issue d’une période de doute et de dégoût concernant le milieu musical, Robert Fripp, remis à flot par sa participation à la trilogie berlinoise, nous offre Exposure, œuvre capitale, substantielle, réunissant une palette impressionnante d’artistes. Cet album brillant, se situant lui-même comme deuxième volet d’une trilogie (contenant PG2 du Gab’ et Sacred Songs de Daryl Hall), expose une forme de dream team de musiciens : Brian Eno (ex-Roxy Music), Peter Hammill (Van der Graaf Generator), Peter Gabriel & Phil Collins (Genesis), Tony Levin (King Crimson 80’s), Daryl Hall (Hall & Oates), Terre Roche (The Roches), Barry Andrews (XTC), Jerry Marotta, Narada Michael Walden…
Le contenu du disque interpelle : la magie crimsonienne et cette atmosphère urbaine, stressante et paranoïaque qui lui est consubstantielle, purement extraite de la chaleur et des brumes de Hell’s Kitchen. Cela est évident sur ‘Breathless’, crimsonien en diable, ‘Disengage’ et ‘I May Not Have Had Enough of Me But I've Had Enough of You’, chantés par l’infernal et immense Peter Hammill, ou encore sur l’excellent ‘NY3’ et ses samples vocaux. Ajoutons à cette collection étincelante de morceaux le très rock and roll ‘Burn Me Up I Am A Cigarette’, moderne, lisse, fiévreux, faussement innocent et assez entraînant ; le touchant ‘Mary’, non loin des terres de Joni Mitchell ; et surtout les atmosphères de ‘Urban Landscape’ et des deux parties de ‘Water Music’, entrecoupées par ‘Here Comes the Flood’ du Gab’ (surgissant lui-même après une transition musicale absolument magique et pleine d’émotion).
Dès lors, Exposure en impose, et impressionne par son élégance et sa maîtrise. Ce disque riche et classieux, alambiqué et tentaculaire, devient une forme d’abécédaire à la grammaire musicale troublante, ayant une place de choix dans la discographie de Fripp. Exposure fait ainsi figure pour ce musicien hors norme d’éternel recommencement, avant la sortie de Discipline, sa prochaine œuvre majeure, qui ressuscitera, du coup, le monstre Crimson.
Note : 5,5/6
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