Krautrock (Allemagne)
Popol Vuh... un détour majeur pour aborder la musique allemande à la genèse des seventies. Tout à fait dans les cordes des adeptes de Tangerine Dream ou de Klaus Schulze, cette formation emmenée par l’illustre Florian Fricke, le voyageur mystique, aura un impact historique certain. Popol Vuh s'affirme comme l'un des pionniers de la méditation électronique teutonne.
La première période du groupe se compose de deux disques : Affenstunde et le classique In den Gärten Pharaos, deux album dans la veine kraut même si le second s’en éloigne pour faire émerger une certaine approche, une certaine sensibilité autour du sacré. Le line up est constitué de deux autres personnes entourant Fricke l’artificier du grand Moog : Frank Fiedler (aux synthétiseurs) et Holger Trülzsch (aux percussions).
Avec Hosianna Mantra, Florian Fricke jouera avec d’autres musiciens pour élaborer une musique de chambre, subtile et délicate, dans une dynamique new age et de conciliation des horizons géographiques, et des cultures mystiques et religieuses. D'ailleurs, Popol Vuh ressemble au groupe par excellence répondant au concept d’Exil progressif, avec ces voyages personnels, ces fusions de styles, de cultures, de religions, ces mouvements géographiques sur la cartographie des cultures musicales. La réconciliation des genres et des cultures dans une paix qui n’est rien d’autre que l’appel progressif du sacré.
Affenstunde, ambiant et spatial, reste le plus kraut-ien, probablement. Une dynamique d’une B.O., très mystique aussi… « L’heure du singe » s’intègre bien à la destructuration du rapport spatio-temporel de l’auditeur ; la musique ornemente l’espace d’écoute, lui apporte une ambiance générale, et met aussi elle-même en scène une configuration spatiale de sons et d’instruments dans lequel s’engouffre l’auditeur, créant son espace géométrique imaginaire. Le temps semble suspendu, sans variations brutales, et les compositions se distendent, frôlant les 20 minutes. Enfin, toute la thématique futuriste donne une nouvelle dimension à cette notion de temps si particulière dans la kosmische Musik.
Le disque se décompose en deux grands morceaux très minimalistes et lunaires, même si le premier, ‘Ich Mache einen Spiegel’, se subdivise en trois mouvements distincts : un premier ambiant et futuriste ; un deuxième davantage axé autour d’une danse tribale de percussions ; et un troisième de nouveau plus ambiant, dans lequel on continue d’écouter sa respiration sourde et magnétique. L’univers apparaît à la fois comme un panorama inquiétant et hostile, et une invitation à la méditation.
Le second morceau, portant le titre du disque, passe un peu plus à l’offensive avec ses crépitements, grincements, ondulations... L’émergence d’un chaos dans lequel nous errons, contemplant son relief, ses sommets glacés et ses abîmes entrouverts. La composition procède ensuite à une accalmie, avec ses claviers circulaires et cette petite mélodie vagabondant au milieu de nulle part, les percussions survenant parfois, telles des vagues lentes et discrètes.
Affenstunde est une première pierre à l’édifice, les bases pour le groupe comme pour le genre krautrock, même si l’objectif sera ensuite de s’en éloigner toujours un peu plus. L’usage du Moog, la décomposition de l’œuvre en deux grandes phases, et la création de panoramas d’époque, font d’Affenstunde un disque à découvrir pour approfondir toujours un peu plus sa connaissance musicale et historique de l’essence cosmique allemande.
Note : 4,5/6
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