Progressif, New Wave (Angleterre)
Voici la bête : Discipline. Une bête intellectuelle, mais pas toujours très docile. Une bête qui barit comme l’éléphant (‘Elephant Talk’) et qui s’enfonce dans un délire mystérieux et névrotique (‘Indiscipline’). Oui, ça y est, une fois encore, King Crimson a laché son animal en pleine nature. Que ce soit pour les parties rythmiques tumultueuses et entraînantes de ‘Thela Hun Ginjeet’ et de ‘Frame by Frame’, ou les panoramas pittoresques, lumineux et sereins, dessinés par ‘Matte Kudasai’ et ‘The Sheltering Sky’, on sent immédiatement qu’on fait partie du voyage. Du voyage dans l’antre de la bête. Dans Discipline, la technique est au service d’une musique cérébrale, intellectuelle et rigide, carrément mathématique. Les lignes mélodiques du chapman stick de Tony Levin, nouveau dans le groupe depuis Red, se déroulent et s’enroulent dans des sections rythmiques où règnent précision et osmose entre les musiciens. Autre petit nouveau : Adrian Belew, que l’on connaît bien puisqu’il a joué entre autres avec Frank Zappa et les Talking Heads. Ici une nouvelle fois en grande forme, il illumine le disque de sa voix. Mais ce sont évidemment les deux autres membres de l’équipage, les inénarrables Robert Fripp et Bill Bruford, qui vont constituer la base du groupe grâce à leurs immenses créativité et verve musicale. Ils construisent cet édifice musical avec une précision chirurgicale mais aussi avec une forme de… liberté, comme si le Roi Pourpre avait à nouveau, depuis sa désintégration post-Red, réussi à combiner de façon impossible la discipline musicale et la liberté créatrice. Oui, King Crimson semble avoir contourné le faux piège des années 80. Le progressif le plus intransigeant sait se joindre à une forme de new wave sophistiquée pour offrir un disque original et loin de tout repos. À écouter de toute urgence…
Note : 5,5/6
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