samedi 14 juillet 2007

YES Drama (1980)

Yes - Drama
Progressif (Angleterre)


Au bord du gouffre, Yes le sera. Si, avec le temps, le groupe se rapproche de ses propres limites, un ultime sursaut est possible : Drama est l’occasion de surfer sur la vague pop FM pour en tirer du bon, pour se regénérer, pour créer quelque chose de neuf... Pourtant, Yes finira tôt ou tard par s’enfoncer dans la médiocrité de compositions pop particulièrement faibles et irritantes. Et il touchera le fond, à trop jouer avec le feu. Se servir du FM après l’explosion punk, ce n’est pas pour tout le monde... Rush restant d'ailleurs un modèle de réussite dans le genre.

Cela étant, avec Drama, Yes semble obtenir un vrai sursis. Et non sans certains changements majeurs au niveau de son histoire et de ses fondements : Rick Wakeman et surtout Jon Anderson ne font en effet plus partie du voyage. Le premier signe sa seconde fugue, après son retour en force sur Going for the One. Pour le second c’est plus problématique : après 12 ans de Yes, c’est l’un des deux fondateurs du groupe (avec Squire) qui se fait remarquer par son absence.

Pour les remplacer : Geoff Downes et Trevor Horn des Buggles. Oui, des Buggles… vous souvenez-vous de l’insupportable ‘Video Killed the Radio Star’ ? Eh bien c’est eux... Si ce changement de line-up peut engendrer un trouble d’identité au sein du groupe, et notamment en live, on retrouve tout de même avec Drama une fidélité au niveau des vocaux. Non seulement la voix de Trevor Horn n’est pas très éloignée de celle de Jon Anderson, mais les chœurs composés de Squire et Howe permettent de ne plus se sentir trop dépaysé.

En tout cas avec Drama, un univers très particulier se dévoile une fois encore. Il s’agit d’une musique presque légère, soutenue par des artistes jouant clairement sur les atmosphères (d’où l’importance des claviers sur ‘Run Through the Light’ & ‘White Car’ par exemple). En outre, l’alchimie est encore présente, n’en doutons pas, comme le prouve la solidité rythmique de ‘Tempus Fugit’. Quant à ‘Machine Messiah’ (eh oui 10 minutes, ça reste du Yes…) et ‘Into the Lens’, ils font figure de classiques du disque.

Avec Drama, le groupe affiche une grande vitalité, voire une véritable fraîcheur. La légère tonalité new wave de ce tableau d'ensemble se marie bien avec le progressif onirique et évocateur qui est ourdit dans l'œuvre. Tous les éléments positifs que Drama propose généreusement en font un album aéré et plaisant, un peu sombre et parfois assez énigmatique. Le disque d’une dernière chance saisie par les cornes. Avant la chute.

Note : 4,5/6

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