mercredi 15 septembre 2010

RUSH Power Windows (1985)

Rush - Power Windows
Heavy Prog / Atmosphères / FM (Canada)


Si Rush a su adopter le son des années 80 avec intelligence, le groupe pousse sa démarche à son absolu avec Power Windows, consciemment ou non. Valorisé par la production lisse et limpide de Peter Collins, le son est ici ample et grandiloquent, tout en gardant une certaine froideur clinique. Propulsés à leur paroxysme, les claviers en mettent plein la vue, volubiles, accompagnés de leur lot d'effets artificiels. Entre échos et réverbérations, les parties de guitares, éclatantes et explosives, sont mises au service d'une musique étincelante et résolument sophistiquée, rythmée par les percussions crypto-synthétiques de Neil Peart. Les instrumentations nous donnent l’étrange impression de nous trouver au sein d'une prison de verre ou de glace, dans un monde un peu inhumain et abandonné à la technique, domaine dans lequel les membres de Rush ne sont d'ailleurs pas en reste.

Et au niveau de la qualité des compositions, mis à part le refrain très ampoulé de ‘Marathon’ et son final un peu odieux, le disque ne regorge que de moments plutôt complexes et intéressants, voire brillants, même si le style emprunté ici pourra dérouter. Rush signe d'ailleurs un de ses meilleurs morceaux avec ‘Middletown Dreams’, sorte d'écho thématique et atmosphérique à ‘Subdivisions’ présent dans l'album Signals. On ne peut pas non plus oublier la middle section synthétique et la coda de ‘Big Money’, la dynamique alambiquée de ‘Grand Designs’, les claviers crépusculaires de l’épique ‘Manhattan Project’, les abysses fascinantes de ‘Territories’, la mélodie de cristal d’‘Emotion Detector’ et la pulsation du classique ‘Mystic Rythms’, terminant parfaitement le disque avec ses ambiances dépaysantes et magnétiques…

J'ai toujours ce sentiment particulier que Power Windows reste le genre d'albums sur lequel on est content d’être tombé, et qu'il faut évidemment écouter. Un disque qui cultive sa propre ambiguïté, de façon un peu contraignante, puisqu’il semble à la fois original et conventionnel, personnel et prisonnier de son époque. Power Windows apporte ici son identité et des éléments nouveaux d'une qualité certes contestée mais à mon sens bien réelle. Mystérieux, inquiétant parfois, il s’agit d’un album vraiment réussi et porteur de sens, source de compromis, de tensions et de contradictions inextricables. Dystopique et rétro-futuriste, jusqu’au-boutiste et parfaitement assumé, Power Windows demeure le disque de toutes les incompréhensions, témoin d’une réelle profondeur sous couvert d’une pop progressive FM faussement désuète.

Note : 5,5/6

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