mercredi 22 septembre 2010

THE Jimi HENDRIX EXPERIENCE Electric Ladyland (1968)

The Jimi Hendrix Experience - Electric Ladyland
Méditation psychédélique et guitaristique (U.S.A.)


Impossible de nier l’aura lumineuse et électrique présente autour de ce disque presque sacré. L’impact de Jimi Hendrix, admis à l’unanimité, se situe au moins à deux niveaux : au sein de la musique noire, qu’il renouvelle, et dans le milieu de la guitare, qu’il révolutionne. Les deux se joignant sur un terrain historique et artistique : sa revisitation du blues. Plus spécifiquement, l’apport d’Electric Ladyland proprement dit se répercute dans le courant psychédélique, puisque Hendrix en livre ici un de ses classiques, mais aussi dans les techniques de production et d’enregistrement musicaux, sous la direction d’Eddie Kramer. Entre liberté artistique et perfectionnisme de la forme, vous l’aurez compris, nous sommes au carrefour de divers styles.

Entre culte rebelle de l’instant présent et recherche laborieuse d’un son qu’il fera justement vivre en concert, l’icône Hendrix livre ici un free from blues, acide et explosif, exubérant et torturé. Il dessine alors des paysages soniques, luxuriants et pyrotechniques, muni de sa guitare flamboyante, instrument qu’il enlace comme une femme, ardente et fougueuse. Difficile de passer à côté de la dynamique de ‘Crosstown Traffic’, du long jam héroïque de ‘Voodoo Chile’, de la rage classieuse de ‘Voodoo Child (Slight Return)’, leçon de guitare pour le siècle, et de l’odyssée psychédélique de ‘1983…’. Je garde une place particulière pour l’excellence de ‘All Along the Watchtower’, reprise de Dylan, morceau enivrant et plein d’entrain, mystique et prophétique, un titre qui éclabousse les âmes musicales de son génie, animé par un souffle romantique.

Notons cependant que ces morceaux de prestige, passionnels et passionnés, animés et cathartiques, sont aussi le fruit de l’Experience : Noel Redding (même si des différends règnent avec Hendrix) & Mitch Mitchell sont également les artisans de ces brûlots qui n’auraient pu aboutir sans la communication spirituelle et artistique entre les trois musiciens expérimentés. Mais attention toutefois encore : le concept de trio s’en voit lui-même dépassé car d’autres artistes sont invités au festin, avec entre autres, Chris Wood (de Traffic, flûte sur ‘1983’), Steve Winwood (de Traffic, orgue sur ‘Voodoo Chile’), Jack Casady (de Jefferson Airplane, basse sur ‘Voodoo Chile’), Al Kooper (Dylan & Blood, Sweet & Tears, piano sur ‘Long Hot Summer Night’), Buddy Miles (batterie sur ‘Rainy Day’ & ‘Still Raining’)…

Pour tous ces éléments, pour cette ferveur, cette créativité, cette aura, Electric Ladyland devient ainsi une véritable bible, un recueil guitaristique pour les décennies à venir, l’aboutissement ultime d’une formation emmenée par un musicien émérite et charismatique, prophète marchant dans les pas des 3 rois : B.B. King, Albert King, et Freddie King, mais aussi dans ceux d’Elmore James et de Muddy Waters, entre autres bien sûr... Electric Ladyland reste la musique d’une époque, celle qui vous donne envie de traverser l’Amérique urbaine. La musique d’une époque révolue mais éternelle, et en même temps l’ouverture de toutes les portes du futur… Dernier disque avec l’Experience, Electric Ladyland reste d’ores et déjà le testament d’un son, d’un état d’esprit, d’un surhomme.

Note : 6/6

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