mercredi 10 mai 2006

EMERSON, LAKE & PALMER Tarkus (1971)

Emerson, Lake & Palmer - Tarkus
Progressif Symphonique (Angleterre)


Emerson, Lake et Palmer forment ce qu’on nomme communément un « super groupe », et veulent visiblement le montrer sur ce classique de leur discographie. Et même un peu trop, pour ceux qui n’aiment pas vraiment le progressif « symphonique » trop flamboyant. Mais qu’importe… Demandons-nous plutôt si ELP fait du coup de la « super musique »... Au premier regard, Tarkus est un disque bicéphale, composé de deux faces bien distinctes, la première présentant un long morceau éponyme d’une vingtaine de minutes qui ravira tous les amateurs de musique progressive, et la seconde mettant en scène une succession de morceaux parfois sujets à d’acerbes critiques chez les fans de prog.

‘Tarkus Medley’, qui ouvre le disque, est une suite écrasante et pachydermique, composée de sept petits morceaux (4 instrumentaux séparés par 3 chansons aux mélodies plutôt réussies). Ici les musiciens sont en osmose, infatigables et inébranlables. Ils génèrent des mélodies tourbillonnaires et torrentueuses qui s’enroulent les unes dans les autres, quand ils ne façonnent pas des rythmiques solides et coriaces, en acier inattaquable. ‘Tarkus Medley’ est une machine musicale qui traîne sa masse torpide, écrase tout sur son passage. Un morceau imposant et démesuré, joué avec une précision chirurgicale et étourdissante. Quelques passages plus calmes surviennent à point nommé pour ensuite laisser repartir la musique, encore plus remuante, impétueuse et virevoltante.

La seconde partie du disque, moins mouvementée, se compose de morceaux bien plus courts et sujets à controverse. Le titre ‘Jeremy Bender’ tranche violemment et de façon un peu étrange avec la longue suite que nous venons tout juste de quitter. Personnellement je n’ai pas de mal avec ce morceau, les parties de clavier de Keith Emerson étant assez soignées, même s’il s’exprime plus, et mieux, à d’autres moments dans le disque. Beaucoup n’aimeront ni le contraste qui s’opère entre ‘Tarkus Medley’ et ‘Jeremy Bender’, ni le côté honky-tonk un peu caricatural de ce dernier. En fait, c’est surtout ‘Bitches Crystal’ qui retiendra l’attention dans la deuxième partie du disque : le morceau se rapprochant le plus du premier, mais en cinq fois plus court... Finalement, le disque se termine sur un clin d’œil à leur producteur avec le morceau ‘Are You Ready Eddy ?’, un rock and roll dispensable et un peu à côté du sujet.

Malgré ses qualités, sa personnalité affirmée et sa pochette sympa, Tarkus d'Emerson, Lake & Palmer donne du grain à moudre aux contempteurs du groupe, avec des compositions irrégulières qui vieilliront mal. Mais n'oublions pas pour autant l'essentiel : Tarkus vaut surtout le détour pour sa longue suite agitée et pyrotechnique, ‘Tarkus Medley’, morceau qui précède dans l'histoire du progressif les grands ‘Supper’s Ready’ de Genesis et ‘Close to the Edge’ de Yes.

Note : 4,5/6

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