dimanche 18 décembre 2011

Klaus SCHULZE Irrlicht (1972)

Klaus Schulze - Irrlicht
Kosmische Musik / Électronique / Ambient (Allemagne)

Klaus Schulze demeure à l'origine de la scène électronique globale (avec d'autres groupes comme Kraftwerk, fondateurs de la Volksmusik) et pionnier de la Kosmische Musik. Cet étudiant en philologie de Berlin (1964), admirateur de Wagner et de Xenakis, exerça pourtant ses premiers talents à la batterie, dans diverses formations : Psy Free, Tangerine Dream, Amon Düül II et Ash Ra Tempel. Batteur de formation, c’est comme organiste virtuose et avant-gardiste qu’il se fit connaître, comme orchestrateur visionnaire avec plusieurs longueurs d'avance sur l'histoire. Créateur novateur d’univers atmosphériques et d’abstractions sonores, Klaus Shulze se trouve finalement un peu hors du temps, hors de l’espace. Sur une autre planète.

C’est aussi à Berlin, authentique cocon musical dans lequel les sons électroniques trouvent refuge, que fut enregistré le premier opus de Schulze : Irrlicht, véritable éther, œuvre limpide en trois actes pas si éloignée de la musique concrète. Atmosphérique et spectrale, reposant principalement sur un orgue électronique modifié et sur des enregistrements d’orchestre, cette symphonie ambient pour machines électroniques nous aide à traquer l’Infini. Et derrière l’ataraxie trompeuse de ses nappes envoûtantes se cache une tension palpable et menaçante, parfaitement illustrée par les claviers célestes de l’artiste.

Tout commence par ‘Ebene’, un fragment culte de l'histoire de l'univers Kraut. Les orchestrations oppressantes règnent en maîtres, étranges et impalpables... Les sons aériens semblent tournoyer au-dessus de nos esprits, nous les percevons de loin. Puis le sol s’efface sous nos pieds, nous perdons l'équilibre, nous sommes projetés dans l'immensité du vide pour nous rapprocher de ces ondes célestes, de ces drones sonores.... nous les voyons, les touchons. Nous les connaissons désormais: ce sont des orgues venues d’ailleurs. Irrlicht devient une forme d’errance au sein de plages électroniques, où la menace est constante, en filigrane, prête à surgir. Puis c’est le grand plongeon : l'enchaînement avec ‘Gewitter’. L'énergie électrique, puisant toute sa force dans le firmament, émerge avant de dépérir lentement, et de se poser calmement, dans le silence. Pour laisser place à ‘Exil Sils Maria’, qui apparaît dans une tension inexprimable et contenue. Ce morceau un peu lumineux et fou, et dont le titre est une probable référence à Nietzsche, est joué à l'envers. La musique de Klaus Schulze semble respirer, on sent ses halètements intenses, profondément naturels. Puis le souffle s'éteint progressivement. Il s'est stabilisé. Cette musique semble avoir éclos, dans un autre monde.

Note : 6/6

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