mardi 1 novembre 2011

YES Tormato (1978)

Yes - Tormato
Rock progressif / Pop (Angleterre)

Représentant l’un des fers de lance du courant progressif, Yes nous a habitués à plusieurs pièces imposantes ; on pense en effet à Close to the Edge, Relayer, Tales…, ou encore au morceau ‘Awaken’ sur Going for the One. Avec Tormato en revanche, Yes amorce un virage un peu plus pop-rock, s’enfuyant subrepticement des contrées intrinsèquement progressives. Malheureusement, le résultat n’est pas des plus convaincants.

La production semble un peu plus sibylline, et les orientations musicales plutôt hésitantes. Certains titres auraient mérité mieux (‘Madrigal’ s’échappant à peine de la caricature) et d’autres moments font vraiment pâle figure : le très kitsch ‘Don’t Kill the Whale’ et ‘Release/Release’ qui s’enfonce dans l’inutile et le démonstratif (la section en « faux live » plutôt ridicule)... On se demande en fait qui pourrait écouter ça, et dans le meilleur des cas, le second degré n’excuse pas tout. Quant à ‘Future Times/Rejoice’, il reste fidèle à la personnalité de Yes, une ouverture plutôt correcte malgré ses toutes premières notes un peu datées. ‘Onward’ semble lui plutôt appréciable et délicat mais devient parfois un peu irritant et mielleux à la longue. Enfin, ‘Arriving UFO’ et surtout l’étrange ‘Circus of Heaven’ apportent tout de même quelques sons nouveaux et deux micro-univers un peu décalés, sans pour autant que l’on crie au génie.

Personnellement, je me demande si « le mal » du disque ne vient pas de deux membres du groupe, dont Tormato scelle le départ : Jon Anderson et Rick Wakeman. Certes, le chanteur reviendra pour 90125 (1983), et le claviériste pour Union (1991), deux albums, il est vrai, assez mauvais.

 - Pour Jon Anderson, j'admets avoir beaucoup de mal avec sa voix. Elle passe assez bien quand elle est intégrée à un projet de plus grande ampleur, à des disques de plus grande envergure participant pleinement à l’identité de Yes et apportant quelque chose à l’Histoire (comme Relayer ou Close to the Edge). En revanche, dans un disque poussif, à la limite du mauvais goût, elle ne fait que catalyser le côté ringard et ennuyeux de l’ensemble, impression qui fait tant de mal au courant progressif.

 - Le constat est également alarmant pour les sons de synthés de Rick Wakeman, qui a plutôt le beau rôle dans cet album. Dès les premières notes, on est déjà un peu gêné... Et la suite ne nous donnera pas tort, tant les claviers tyranniques transforment Tormato en un disque un peu confus, en une nuée musicale un peu difforme. L’intention artistique n’est pas forcément blâmable mais le résultat est plutôt problématique. Pas étonnant finalement qu’on demande la vague punk à la rescousse pour déblayer le terrain et engloutir ces types d’écarts.

Tormato contient quand même du positif. Dans les morceaux les plus ratés on décèle toujours une certaine maturité dans l’exécution, même si l’inspiration fait grandement défaut. De plus, on retiendra notamment ‘On the Silent Wings of Freedom’, plus subtil que les pochades un peu grossières du reste du disque. Ce titre final met à l’honneur Chris Squire, Steve Howe et Alan White dans des passages un peu plus épiques et tendus. La section instrumentale de départ demeure plutôt intrigante et magnétique, et le reste de la composition reste également bien senti et construit, mettant en valeur différents types d’émotions et de climats. Ce morceau très réussi, intégré dans une seconde partie de disque de meilleure facture, sauve un peu l’ensemble du naufrage, même si la barre est sans doute redressée un peu tard…

Bon c’est vrai, on reste toujours un peu content d’écouter un disque de Yes, un tantinet mystérieux et toujours alambiqué, même si les pièces ouvragées des grands opus du groupe sont délaissées. Par moments, Yes montre qu’il a de bonnes idées de compositions et une volonté de « maîtriser » des sons nouveaux. Malheureusement, il n’échappe pas à la maladresse. Dépassé, n’ayant que trop peu à offrir, Yes semble un peu aux abois à la fin des seventies. Certes, Going for the One le disque précédant, avait peut-être réussi, par endroits, là où Tormato échoue. Mais pour le moment, et un peu facilement il faut le dire, on ne peut que réserver une seule sentence pour ce dernier : quelques (petites) tomates bien mûres.

Note : 2,5/6

2 commentaires:

  1. Méchant ! j'aime bien release release et sa section en faux live.
    Même don't kill the whale n'est pas désagréable.
    C'est un disque comme and then there were three de Genesis : de la pop bien exécutée.

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  2. Pour ses choix artistiques et la qualité de certaines compos je lui préfère largement "And Then There Were Three", autre disque "intermédiaire", mais dans un autre style. De toute façon j'ai globalement moins de réticences à écouter la carrière pop de Genesis (qui ne vole déjà pas toujours très haut) que celle de Yes qui me pose beaucoup trop de problèmes.

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