jeudi 30 septembre 2010

RUSH Grace Under Pressure (1984)

Rush - Grace Under Pressure
Heavy Prog / FM synthétique (Canada)


C’est donc crescendo que Rush continue à mettre en place une forme de rock progressif atmosphérique et FM, soutenu notamment par des synthétiseurs omniprésents. Le groupe témoigne ici de ses visions psychiques et artistiques, notamment sur l’excellent ‘Afterimage’, meilleur morceau du disque, grâce à ses panoramas sonores et ses harmonies artificielles. Sa section middle, particulièrement magnétique, reste à mon sens une des grandes réussites de l’album et transportera irrémédiablement l’auditeur dans les contrées de son imagination.

Grace Under Pressure contient également deux classiques : ‘Distant Early Warning’, et surtout ‘Red Sector A’, composition sombre mais dont le rythme souple et enlevé fascine assez vite. Rythmiquement, je dirais qu’il s’agit un peu d’un écho à ‘The Weapon’, présent sur Signals, dans le sens où les percussions de Neil Peart guident fatalement la trame de la chanson. Il règne toutefois une forme d’ambiguïté un peu déroutante et difficile à exprimer entre la thématique improbable et extrêmement noire de ce titre et l’aisance dont font preuve les musiciens. Une équivocité semblant se confirmer à plusieurs reprises dans l’album.

En outre, dans les moments marquants, je penserais peut-être aussi à ces synthés sur ‘The Body Electric’, assez cafardeux, voire lugubres. Ce titre de qualité renforce l’aspect morne et sinistre de l’ensemble. D’ailleurs si ce caractère pourrait un peu ressembler à la face cachée de Grace Under Pressure, il en est plutôt sa réelle identité, son vrai visage.

Autrement, je n’oublierai pas non plus ‘The Enemy Within’ qui conforte le disque dans sa démarche atmosphérique, et ‘Between the Wheels’ qui le clôt sur une note proche de Signals, avec ses ambiances synthétiques. Avec ce dernier morceau, Rush semble y gagner en poigne et en dynamique, et retrouve tout son éclat. En effet, ‘Red Lenses’ et ‘Kid Gloves’, les deux titres précédents, demeurent quant à eux des morceaux un peu en deçà des autres, à mon humble avis.

Dans l’ensemble, sans être un disque majeur du groupe, Grace Under Pressure reste plus qu’un chaînon manquant dans l’évolution de Rush, pour les quelques fulgurances et autres bons moments qu’il ajoute à la discographie du groupe. Aussi, P/G se révèle comme une réflexion supplémentaire sur la modernité et sur les pressions qu’elle provoque, et une forme de contemplation, de songerie un peu funeste contée sur un album largement perfectible mais plutôt attachant.

Note : 4/6

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire