dimanche 16 avril 2006

GENESIS Foxtrot (1972)

Genesis - Foxtrot
Progressif Symphonique (Angleterre)


Foxtrot, tout un concept... Ici, rythmiques percutantes et cascades de mellotron mènent la danse. Dès l'introduction mythique et hallucinée de ‘Watcher of the Skies’, l'auditeur est irrémédiablement pris dans le tourbillon de cet opus brillant et définitivement indispensable. Avec ce Foxtrot on touche de près une pierre angulaire du mouvement progressif. Le monde merveilleux de Genesis se dévoile un peu plus à nous : le décor commençait à se planter avec Trespass, les musiciens se rodaient sur Nursery Cryme, et c'est avec Foxtrot que nous découvrons un premier sommet discographique.

De façon générale, une certaine lourdeur de son contraste ici avec les atmosphères plus éthérées... Le premier morceau ‘Watcher of the Skies’ nous emmène dans des atmosphères de tension pure et de rêves nébuleux, soutenues par une rythmique « en morse », incisive, légère et inattaquable. Ensuite, le délicat ‘Timetable’ vient à point nommé puis laisse sa place au classique ‘Get'em out by Friday’, narquois et genesis-ien en diable. On oublie parfois ‘Can-utility and the Coastliners’, un titre pourtant de qualité notamment grâce à sa section middle très réussie. Notons aussi au passage le petit instrumental ‘Horizons’, bien sympathique.

Cependant, ce qui donne toute l'ampleur au génie de ce disque provient du morceau final, cette magnifique pièce montée nommée ‘Supper's Ready’... Et là quelque chose de somptueux se déroule devant nous... Il s'agit de plus de 20 minutes de bonheur dans lesquelles plusieurs petites saynètes sont élégamment enchaînées. Nous baignons, grâce à l'histoire de ce titre, dans un flux de conscience, dans des rêves dans lesquels s'entremêlent souvenirs, espérances et flashbacks... Nous errons dans les labyrinthes de la conscience, un peu à la manière des romans de Faulkner ou des films de Bergman ou de Resnais.

 - La mélodie sincère qui ouvre le morceau [I - Lovers Leap], est remarquable... et l'on ressent en parallèle le dépaysement d'une musique intemporelle et nostalgique. L'instrumental qui suit le chant est serein, posé, quasi mystique. Un vrai régal. Les changements d'accords sont simples et le morceau garde une certaine authenticité. Le décor musical qui se révèle au fur et à mesure à notre esprit est de plus en plus visible mais prétend à une certaine forme d'inaccessibilité.
 - La section suivante [II - The Guaranteed Eternal Sanctuary] démarre avec une mélodie venue de loin, nous murmurant les secrets de l'inconnu. La mélodie qui lui succède, dans un autre registre, est plus efficace. Puis tout s'arrête... Des chants d'enfants... Où sommes-nous ? La section suivante débute.
 - Dans [III - Ikhnaton and Itsacon and their Band of Merry Men] on retrouve un instrumental et un passage plus folk.
 - [IV - How Dare I Be So Beautiful ?] est une nouvelle saynète jouée avec une angoissante nonchalance... "A Flower ?"
 - Ainsi [V - Willow Farm] déboule, une forme de comique musical qui tranche allègrement avec la section précédente.
 - Et survient dès lors la transition hallucinante et hallucinée de [VI - Apocalypse in 9/8], mystique et terrifiante... angoissante et instable. La tension est là. Puis la section se déroule tranquillement jusqu'à ce que la mélodie du [I] revienne accompagnée de quelques sons de cloches...
 - Puis, dans la partie suivante [VII - As sure as Eggs is Eggs], c'est la mélodie du [II] qui jaillit à nouveau au grand jour... Un moment d'excellence ! Une fin en apothéose totale, mythique et fédératrice.

Tout semble en quelque sorte rentrer dans l'ordre après toutes ces fluctuations psychologiques et oniriques. Il y a des passages musicaux nous rappellant les secrets du lointain (les souvenirs du couple amoureux ? la nostalgie de l'être aimé qui est loin de nous ?) et d'autres qui montrent clairement la proximité du présent, celle des problèmes plus actuels (la vie du couple amoureux ? l'espérance au devant de l'absence ?)

La collection de titres personnels et surannés de Foxtrot, empreint de nostalgie, montre un groupe au service de la beauté... au service d'un sentiment d'absolu... Genesis trouve ici ses marques, prêt à offrir ses meilleurs pièces dès les années à venir. Pour le moment, Foxtrot demeure une perle inoubliable, un des grands moments hérités des seventies !

N.B. : un des détails de la très belle pochette représente une scène de celle de Nursery Cryme.

Note : 6/6

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