Ambient (Angleterre)
Les aéroports ont toujours été pour moi des endroits particuliers et symboliques, des mondes à part un peu magiques, voire métaphysiques. Je m’y sens toujours bien. Et ces images de départs et d’arrivées, comme ces trajets, ces idées de voyages qui s’entrecroisent, résonnent de façon positive en moi.
Du coup, ce premier volume de musique ambiante sobrement appelée Music for Airports garde une tonalité bien spécifique. À l’origine, Brian Eno avait décidé de composer la musique de ce disque pour la diffuser en boucle dans les aéroports. Cela permettait aux gens de s’y sentir mieux, apaisés et loin du stress qui, selon lui, peut parfois émaner de ces lieux. Étrange et agréable destin pour une musique…
Dans l’esprit de Discreet Music, mais dans un contexte différent, Music for Airports présente à la fois un caractère ambient et une dynamique « générative ». La musique de l’album se découpe en quatre phases, durant entre 9 et 17 minutes environ, entrecoupées de longues secondes de silence :
-Très minimaliste, fragile et lumineuse, la première plage est une merveille. 17 minutes de contemplation, déployant toute leur magie céleste. Des notes de deux pianos s’égrènent et s’entrechoquent de façon délicate, avec lenteur et douceur. Ce titre co-écrit avec Robert Wyatt et Rhett Davies figure comme le symbole de l’opus, magique et onirique.
-La seconde plage est une succession de nappes de voix synthétiques, tel le mouvement de vagues sonores, apparaissant puis se dérobant dans le silence. Le morceau est plus académique que le précédent, mais permet un contraste et une variété intéressants, chaque flux et reflux semblant renaître sans cesse sous un jour nouveau.
-La troisième plage reprend les principes des deux premières en mêlant les types de sons que l’on pouvait y rencontrer : les notes cristallines de piano, et les nappes atmosphériques/vocales. Elle ressemble ainsi à une fusion des deux concepts des précédentes « compositions ».
-La quatrième et dernière plage est une réussite, propice à l’évasion par la méditation. S’il n’est pas le morceau qui tirera forcément son épingle du jeu à la première écoute, on apprend progressivement à le savourer intensément. Il se révèle indispensable à l’ensemble, apparaissant peut-être comme le titre le plus important au final.
Ces « musiques d’aéroport » sont attachantes, nous accompagnant dans ces terminaux souvent immenses voire infinis, ces intersections de nos parcours, ces salles d’attente de nos vies. Music for Airports ressemble à une nouvelle vision du temps musical, en suspension. L’occasion pour Brian Eno de bousculer un peu plus la définition de l’art. Dans Music for Airports, le beau rejoint l’utile, pour devenir l’agréable. Et toucher au sublime.
Note : 6/6
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