Rock expérimental / Art rock / Ethno-fusion (U.S.A.)
Remain in Light demeure sans doute le disque le plus connu et le plus coté de Talking Heads. Emmené notamment par l’emblématique ‘Once in a Lifetime’, il s’agit d’un nouvel album de rock arty et expérimental, très axé sur les rythmes multiples et les textures élastiques et synthétiques. Le travail aventureux des seventies rencontre une dynamique de pop plus eighties, au croisement de deux décennies. Mais il offre davantage encore : une synthèse entre post-punk et musique world/ethnique.
Comme pour Fear of Music, Remain in Light permet un lien avec la rétrospective Brian Eno fraîchement écrite sur ce blog. En effet, Eno met ses talents de producteurs et son flair artistique au service du groupe et de leur maniérisme post-punk (dont je ne suis d’ailleurs pas toujours fan cela étant, la présence d’Eno me rassurant presque) en produisant ces deux albums, et en y apportant des instrumentations, surtout sur le second nommé (clavier, basse, percussions, vocaux).
Dès la première écoute, la prédominance rythmique reste marquante : ‘Born under Punches’, ‘Crosseyed and Painless’ et ‘The Great Curve’ déboulent avec leur funk et sa mélodie presque tribale. La new wave rejoint la world music pour aboutir à une forme de fusion ethno polyrythmique assez ambitieuse. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir Adrian Belew se joindre à la fête. Cette réconciliation de musiques blanche et noire permet de nous rappeler que la liaison essentielle entre le rock et la danse (les Stones l’avaient d’ailleurs bien saisie).
Après l’hymne liquide ‘Once in a Lifetime’, illustrant la course effrénée qu’est la modernité, la seconde partie du disque est un peu plus calme (‘Seen and not Seen’), voire plus aérienne (‘Listening Wind’). Je n’oublierai pas ‘Houses in Motion’ dans lequel nous pouvons entendre résonner les cuivres de Jon Hassell, connu pour son expertise des « musiques du monde ». Et comme pour son prédécesseur Fear of Music, j’oserais dire que le meilleur titre se trouve à la toute fin ; ‘The Overload’ est une perle de noirceur, faisant de sa lenteur sa véritable force, et rappelant les ambiances d’un Closer de Joy Division. Une merveille, dévoilant son atmosphère pesante.
Remain in Light est un disque aventureux, ayant marqué son époque, à l’instar de son prédécesseur Fear of Music. Rigoureux et exécuté en toute liberté, il s’impose comme une œuvre incontournable du paysage d’époque. On pourra toujours être réfractaire au style, et je le comprends pleinement, n’étant moi-même pas un fanatique du groupe. Mais la recherche artistique et certains titres de l’opus forcent indéniablement le respect.
Note : 5/6
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