Rock expérimental / Art rock / Post punk new-yorkais (U.S.A.)
Je ne suis pour ainsi dire, pas un grand fan des Talking Heads. Pas un grand fan de leur humour, de leur esthétique, de leur maniérisme post-punk. Mais leurs deux classiques forcent le respect : Fear of Music & Remain in Light sont deux grands disques d’expérimental ayant très clairement marqué leur époque. Et puis c’est l’occasion de rester cohérent avec ma période retrospective sur Eno. Ce dernier a en effet produit ces deux albums, et y apporté également des instrumentations, surtout sur le second nommé (clavier, basse, percussions, vocaux).
Fear of Music est le troisième album des Talking Heads. La new wave arty de la bande à David Byrne cumule les qualificatifs et les contradictions fécondes ; elle se présente comme une pop disco et froide, urbaine et tribale, sophistiquée et rigide. Se ressourçant dans l’intellectualisme punk de NY, le groupe construit sa propre musique, très personnelle, très typée aussi. C’est d’ailleurs le côté obscur de Fear of Music qui lui permet de ne pas tomber dans un maniérisme trop agaçant.
La tonicité de ‘Mind’, ‘Paper’ & ‘Cities’, les énigmes de ‘Memories Can’t Wait’, la légèreté de ‘Air’ ou ‘Heaven’, l’exotisme de ‘I Zimbra’ (accompagné de la guitare de Robert Fripp)… le travail musical sur ces formats courts est considérable, multiple. L’ensemble des morceaux est mis en valeur par la patte de Brian Eno à la production, qui collaborera d’ailleurs avec Byrne sur My Life in the Bush of Ghost, l’année suivante. Il ajuste ainsi les arrangements électroniques, mettant en valeur la richesse des rythmes et des textures.
Mais c’est le titre de clôture qui attire toute mon attention : ‘Drugs’. Là, nous sommes carrément dans un autre monde, halluciné et mystérieux. À la fois une menace sombre, tel le subconscient de l’œuvre, et une délivrance lumineuse et enivrante, portée par ces claviers offrant un au-delà à cet album. C’est l’aboutissement de Fear of Music, symbolisant très bien le titre de l’opus. Pour moi, la meilleure composition du groupe, et l’une des plus grandes, tout court. ‘Drugs’ devient l’atout majeur de ce disque de pop alambiquée, figurant comme le pic discographique de Talking Heads, avec son successeur Remain in Light.
Note : 5/6
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire