
Zeuhl / Jazz-rock (France)
On parle beaucoup de voyages musicaux et imaginaires dans ce blog. Avec le concept de Kobaïa, premier album de Magma, l’image n’est vraiment pas volée… Christian Vander et son équipage nous proposent en effet un pèlerinage pas comme les autres, en direction… de la planète Kobaïa. Loin de la Terre, de ses soucis comme de ses catastrophes. Alors, prêt pour le grand saut ?
Pour cette excursion spirituelle, on vous fera grâce d’une connaissance parfaite du kobaïen, langue chantée et construite par Vander, habillant les morceaux du groupe. Ces derniers forment avec cet étrange vocabulaire le Zeuhl, genre musical atypique et cri libérateur : un mélange de rock jazzy et sauvage, sombre et belliqueux, d’improvisation expérimentale et de chant choral halluciné, ce dernier servant bien souvent d’assise à l’ensemble… Certes, avec Kobaïa le genre n’en est qu’à ses balbutiements et atteindra son accomplissement avec une œuvre comme Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh, très différente de l’œuvre ici présentée, comme nous le verrons.
Kobaïa scelle la naissance d’un groupe, mais reste surtout la renaissance d’un leader : Christian Vander, le père de Magma. Batteur de renom, chanteur et bassiste, Vander a créé la bête à son retour en France, après avoir intensément déprimé en Italie, pendant deux ans. La cause de sa grande dépression ? La mort de John Coltrane en 1967. Le décès de cette figure si fondamentale pour le jazz était véritablement synonyme de désespoir pour Vander. Mais une illumination d’un soir à Turin allait éveiller progressivement le volcan Magma, groupe-concept, aventure artistique régénératrice. Continuer après Coltrane. En faisant autre chose, en toute liberté.
Produit par Laurent Thibault (bassiste mais également multi-instrumentiste), Kobaïa est un imposant double disque de révolté, un peu illuminé et dérangé, entouré d’une aura utopique et quasi-religieuse. Mélange de spontanéité brute et d’intellectualisme inné, cette œuvre affirme pleinement sa volonté d’expérimenter en musique de façon inédite et de développer un concept/story marquant, venant de l’« intérieur ». Et puis surtout, Magma met en avant une identité forte, par son style et par son origine, européenne/française, alors soumise (un peu légitimement certes…) à l’hégémonie artistique anglo-saxonne.
Kobaïa regorge de morceaux majeurs : le long titre d’ouverture ‘Kobaïa’ est très stimulant, grâce à ses sections cuivrées, parfois hirsutes, et à sa seconde partie, gardant en elle une forme de tension palpable. J’aime beaucoup également ‘Sohia’, mon titre fétiche, pour ses impressions mélancoliques. Par ailleurs, le jazz chaleureux que l’on rencontre parfois dans ‘Aina’ et ‘Sckxyss’ n’est pas sans rappeler les compères britons de Soft Machine... L’ensemble des titres véhicule quant à lui une forme d’énergie électrique, tout en créant des climats parfois assez anxiogènes.
La planète Kobaïa est l’espace des possibles artistiques. Pourtant, devant l’austérité parfois un peu lugubre de l’œuvre, beaucoup pourraient rester à quai (surtout pour le second disque). La faute à son côté scabreux, longuet et un peu abrupt, écrasant voire étouffant. Mais l’inventivité et la qualité de morceaux stratégiques légitiment pleinement l’intérêt de ce premier album énergique, échevelé et sinueux, ambitieux et diablement contemporain. Un premier pas dans une discographie abondante, réunion de musiques vivantes, entre rock progressif périlleux et jazz électrique téméraire.
Note : 4,5/6
Morceaux fétiches : ‘Kobaïa’ & ‘Sohia’
Pour cette excursion spirituelle, on vous fera grâce d’une connaissance parfaite du kobaïen, langue chantée et construite par Vander, habillant les morceaux du groupe. Ces derniers forment avec cet étrange vocabulaire le Zeuhl, genre musical atypique et cri libérateur : un mélange de rock jazzy et sauvage, sombre et belliqueux, d’improvisation expérimentale et de chant choral halluciné, ce dernier servant bien souvent d’assise à l’ensemble… Certes, avec Kobaïa le genre n’en est qu’à ses balbutiements et atteindra son accomplissement avec une œuvre comme Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh, très différente de l’œuvre ici présentée, comme nous le verrons.
Kobaïa scelle la naissance d’un groupe, mais reste surtout la renaissance d’un leader : Christian Vander, le père de Magma. Batteur de renom, chanteur et bassiste, Vander a créé la bête à son retour en France, après avoir intensément déprimé en Italie, pendant deux ans. La cause de sa grande dépression ? La mort de John Coltrane en 1967. Le décès de cette figure si fondamentale pour le jazz était véritablement synonyme de désespoir pour Vander. Mais une illumination d’un soir à Turin allait éveiller progressivement le volcan Magma, groupe-concept, aventure artistique régénératrice. Continuer après Coltrane. En faisant autre chose, en toute liberté.
Produit par Laurent Thibault (bassiste mais également multi-instrumentiste), Kobaïa est un imposant double disque de révolté, un peu illuminé et dérangé, entouré d’une aura utopique et quasi-religieuse. Mélange de spontanéité brute et d’intellectualisme inné, cette œuvre affirme pleinement sa volonté d’expérimenter en musique de façon inédite et de développer un concept/story marquant, venant de l’« intérieur ». Et puis surtout, Magma met en avant une identité forte, par son style et par son origine, européenne/française, alors soumise (un peu légitimement certes…) à l’hégémonie artistique anglo-saxonne.
Kobaïa regorge de morceaux majeurs : le long titre d’ouverture ‘Kobaïa’ est très stimulant, grâce à ses sections cuivrées, parfois hirsutes, et à sa seconde partie, gardant en elle une forme de tension palpable. J’aime beaucoup également ‘Sohia’, mon titre fétiche, pour ses impressions mélancoliques. Par ailleurs, le jazz chaleureux que l’on rencontre parfois dans ‘Aina’ et ‘Sckxyss’ n’est pas sans rappeler les compères britons de Soft Machine... L’ensemble des titres véhicule quant à lui une forme d’énergie électrique, tout en créant des climats parfois assez anxiogènes.
La planète Kobaïa est l’espace des possibles artistiques. Pourtant, devant l’austérité parfois un peu lugubre de l’œuvre, beaucoup pourraient rester à quai (surtout pour le second disque). La faute à son côté scabreux, longuet et un peu abrupt, écrasant voire étouffant. Mais l’inventivité et la qualité de morceaux stratégiques légitiment pleinement l’intérêt de ce premier album énergique, échevelé et sinueux, ambitieux et diablement contemporain. Un premier pas dans une discographie abondante, réunion de musiques vivantes, entre rock progressif périlleux et jazz électrique téméraire.
Note : 4,5/6
Morceaux fétiches : ‘Kobaïa’ & ‘Sohia’
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