lundi 26 mai 2014

Scott WALKER Tilt (1995)

Scott Walker - Tilt
Art Rock / Expérimental (États-Unis)


Quand on pense à Scott Walker on se remémore souvent sa pop des sixties et des seventies. Mais en 1995 avec Tilt, son douzième album, le chanteur se dévoile dans un genre absolument différent, dont certaines prémisses étaient entrevues sur Climate of Hunter… son dernier disque jusqu’alors, sorti 11 ans auparavant. Tilt est un album expérimental, habité et élégiaque, n’ayant pas son pareil. Il se montre souvent déstabilisant, voire oppressant, hanté par l’influence des musiques industrielles.

Dans Tilt, il y a deux éléments dont l’un ne semble exister que par l’autre, comme les deux côtés d’un miroir sombre : la voix lyrique de Scott Walker, et les instrumentations soignées et minimalistes dans laquelle elle semble se refléter. Ce miroir est comme l’eau noire, opaque, difficile à sonder. À l’écoute de Tilt, l’auditeur ressent un sentiment d’infini, tentant de contempler un abysse ou une forme de vide absolu.

Plusieurs éléments vont permettront de vous repérer dans ce noir odyssée. Citons par exemple, les cordes de ‘Farmer in the City’, la section middle translucide sur ‘The Cockfighter’, l’orgue funéraire et brillant de ‘Manhattan’, le couplet troublant du morceau titre… Mais la composition que j’aime le plus est bien sûr ‘Patriot’, avec ses envolées de corde saisissantes. On se croirait dans le film de sa vie. Le grand moment de l’album, sans oublier ses merveilleux couplets, les petites sections avec la flûte, et la fin en suspens, très évocatrice.

Tilt est idéal pour l’introspection, la méditation, non sans un certain effroi qui lui confère toute sa beauté. La musique est très maîtrisée, la production limpide mettant en valeur chacun de ses tintements. Tilt offre des tensions contemporaines matérialisées en musique, et un silence qui devient parfois aussi important que les sons qui en émergent.

Note : 5/6

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