dimanche 26 janvier 2014

MAGMA Merci (1984)

Magma - Merci
Zeuhl (France)


Merci est un disque étonnant. En tout cas, il m’a bien surpris à la première écoute. Après Attahk, je craignais étrangement une redite sans profondeur. Pourtant l’eau avait coulé sous les ponts, et le groupe n’avait rien enregistré d’officiel depuis 1978. De quoi se mettre sur ses gardes ? Merci est même réputé comme l’album le moins aimé des fans...

Le style affiché aux premiers abords peut désorienter. Je me suis même demandé si je ne m’étais pas trompé de disque en le mettant dans la chaîne hi-fi. C’est tout l’aspect synthétique de la programmation rythmique (LinnDrum) qui m’interpella d’abord sur le premier titre, ‘Call from the Dark’. Ce morceau, comme une bonne partie de l’album ressemble aussi à une célébration eighties et un peu forcée à la soul et au funk, genres que l’on aurait bien tort de délier de l’identité profonde de Magma.

L’aspect synthétique, finalement très isolé, se justifie sans doute par l’aura des années 80. Magma accorde juste ses machines. La dimension soul est étroitement liée au caractère spirituel de la musique de Magma, et l’aspect funk directement en relation avec leur science du rythme et sa rigueur. Et puis le groupe se permet un hommage soul en deux parties, avec le titre ‘Otis’…

On retrouve Christian Vander principalement à la production, pour un gros travail studio, de son et d’enregistrement. Le musicien Vander s’efface ici de façon inédite derrière le producteur Vander. Jouer, mais surtout diriger, ce coup-ci. Si durant toute l’aventure Magma, Jannick Top et René Garber ont su apporter, entre autres, des éléments pour façonner l’esprit du groupe-concept, Vander restera toujours le maître à bord, et Merci comme Attahk ne viendront pas contredire cela.

Au niveau des morceaux proprement dits, il s’en dégage souvent une certaine énergie (‘Do the Music’, assez peu engageant malgré tout), ou une douceur un peu nocturne (le long ‘Eliphas Levi’, forme de valse crépusculaire plutôt bienvenue), voire une forme de communion (l’apaisant ‘The Night We Died’). Les intentions sont louables mais l’ensemble garde malgré tout un côté un peu suspect, pas toujours naturel. Je retiendrais en tout cas les passages plus posés, atmosphériques, comme la seconde partie d’‘Otis’ et ‘The Night We Died’.

Car même si ce disque attachant s’insère dans une logique artistique probablement authentique, la qualité des morceaux est un peu en deçà de ce que l’on attend de Magma. C’est dommage, car derrière l’idée intéressante d’une pop fraîche, digeste et avenante, Merci aurait pu, avec des morceaux un tantinet meilleurs, asseoir un nouveau statut : celui du disque de l’ombre, de l’album des tréfonds, de l’œuvre un peu reniée mais gardant un charme particulier. Pour s'éloigner davantage des regards et des ravages du temps.

Note : 3,5/6

Morceaux fétiches : ‘Otis (ending)’, voire ‘Eliphas Levi’ & ‘The Night We Died’, éventuellement

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