mercredi 30 janvier 2013

PINK FLOYD A Saucerful of Secrets (1968)

Pink Floyd - A Saucerful of Secrets
Psychédélisme/Progressif/Space Rock/Expérimental (Grande-Bretagne)


Un disque de transition… Le groupe navigue désormais sans véritable capitaine, de manière un peu irrationnelle. Une nouvelle fois enregistré à Abbey Road, A Saucerful of Secrets reste également le dernier album marqué par la patte de Syd Barrett (enfin le bout des doigts), avec notamment le morceau ‘Jugband Blues’, dopé par la participation très improvisée de membres de l’Armée du salut, et dans lequel on retrouve un tout petit peu l’esprit du premier album. Progressivement remplacé par David Gilmour, Syd Barrett joue pourtant sur d’autres morceaux, mais il semble devenir fantôme, sans prise sur le réel, et sous l’emprise des drogues en vigueur…

Roger Waters, David Gilmour, Richard Wright & Nick Mason : il faudra donc composer avec.

Emmené par quelques titres de renom, comme ‘Let There Be More Light’ et ‘Set the Controls for the Heart of the Sun’ écrits par Waters, le groupe prépare une musique toujours plus expérimentale, presque comme une fin en soi, ce qu’on pourrait éventuellement leur reprocher. En tout cas, leurs univers sonore intrigue et met le cap sur le cœur de la musique expérimentale, en proposant une expérience auditive. Une nouvelle ère est lancée, un nouveau groupe aussi, le nom et la popularité croissante étant les matrices sur lesquelles se grefferont des albums à géométrie variable, et donc bien différents les uns des autres.

Pour l’écriture de A Saucerful of Secrets, on retrouve également Rick Wright pour deux morceaux à l’empreinte sixties surannée vraiment très agréable et prenante : ‘Remember a Day’ et ‘See-Saw’, ce dernier plus dans une veine psyché-prog, notamment grâce à l’usage du mellotron. Mais l’on rencontrera davantage l’aspect progressif dans ‘A Saucerful of Secrets’ : plus conceptuel, ce morceau spatial reste aussi le plus long du disque (une douzaine de minutes) et montre le groupe sous un jour encore plus ambitieux, avec cette volonté de créer des paysages sonores, de construire une composition sur la durée, articulée en quatre parties se voulant évocatrices.

En fait, si thématiquement on retrouve encore un aspect « spatial », le groupe ourdit également une dynamique de space rock plus ou moins embryonnaire et parfaitement préparée par les guitares flottantes de Gilmour et les atmosphères de Rick Wright. La composante mystique est d’ailleurs bien présente, avec notamment une influence orientale disséminée par endroits. Dans les titres plus anecdotiques et moins aventureux, je note tout de même ‘Corporal Clegg’, que j’aime bien, mis à part la mélodie forcée au kazoo, qui a particulièrement mal vieilli. Le son du morceau est très sixties, et demeure une forme de contrepoint aux Beatles. N’oublions pas que ces derniers ont enregistré leur Sergent Pepper à Abbey Road à peu près en même temps que Piper des Floyd ; les groupes savent à peu près ce que font leurs contemporains et baignent de façon plus ou moins volontaire dans le même son, celui d’une époque.

A Saucerful of Secret ressemble à un disque psychique, un peu déroutant, préférant un scientisme parfois un peu naïf au règne de l’émotif, mais restant avant tout une belle pièce clair-obscur (et plus obscure que claire) pour laquelle j’éprouve une certaine nostalgie, celle de l’époque à laquelle je l’avais découvert, et qui offrait à moi un nouveau monde de possibles.

Note : 4,5/6

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