samedi 18 mai 2013

Syd BARRETT The Madcap Laughs (1970)

Syd Barrett - The Madcap Laughs
Folk/Psychédélisme (Grande-Bretagne)


Deux ans après l’aventure Pink Floyd sort The Madcap Laughs, l’œuvre d’un artiste là où on ne l’attendait pas. Dans les esprits de Syd Barrett, l’expérimental de Piper… semble s’être tari. Un folk sombre et intime, ourdi par un songwriter un peu isolé dans ses pensées psychédéliques : voilà à quoi ressemble le rire de l’« écervelé ».

Nous sommes bien en 1970. Le temps est toujours aux symphonies expérimentales. Ailleurs, mais pas ici. Syd Barrett nous livre des morceaux crus et nus, des chansons à la dérive, coupées du monde. D’apparence simpliste, ces compositions présentent une certaine maturité, au sein d’un disque un peu dérangé, un peu dérangeant.

« Isolé dans ses pensées », mais accompagné dans la production du disque. Syd est épaulé par ses ex-frères d’armes David Gilmour et Roger Waters, pour une moitié de l’œuvre ; et par Malcom Jones (Harvest Records) pour l’autre. Au final, la dualité de ces différentes sessions n’apporte pas vraiment de schizophrénie à l’ensemble... Par ailleurs, au niveau de l’accompagnement, notons la présence de Robert Wyatt, Hugh Hopper et Mike Ratledge de Soft Machine (eh oui), jouant sur deux morceaux : ‘No Good Trying’ et ‘Love you’.

Bizarrement, je ne trouve pas la musique de Syd spécialement attachante. C’est un argument parfois utilisé pour garder un regard bienveillant et clément sur une œuvre. Ici, j’ai plutôt l’impression de déceler une vraie force. Piégé par leur allure désinvolte et facile, je n’avais pas accordé beaucoup de crédit à ces chansons au départ. Et pourtant…

Au fil des écoutes, on semble avoir devant soi une collection de titres en avance sur leur temps, formant presque un guide d’écriture pour un folk psyché, dépouillé et un peu abîmé, sec et radical. Derrière ces morceaux opaques se cache pourtant une forme d’universalité. Prenez votre guitare, et exprimez-vous : c’est peut-être ça qui résonne à l’écoute de ces petites pièces (dé)composées, d’une monotonie trompeuse.

Les chansons sont là. ‘No Good Trying’ reste à mon sens le meilleur morceau du disque, avec sa mélodie légèrement chaotique, viciée et implacable. Plus introspectifs, on note bien sûr l’effrayant ‘Dark Globe’, emblématique et personnel... et dans une veine toujours inquiétante, ‘Golden Hair’ et ‘Long Gone’. Parmi les morceaux symboliques, on ne saurait oublier ‘Octopus’, même si je n’en fais pas vraiment un des atouts de l’œuvre, étrangement. Enfin, j’aimerais aussi citer les différentes dynamiques d’écriture de ‘No Man’s Land’, ‘Feel’ et ‘Late Night’, attractives à plus d’un titre.

Globalement, The Madcap Laughs ne ressemble pas un chef d’œuvre, ni à un disque révolutionnaire, ou parfaitement abouti. Il a aussi ses talons d’Achille, sa naïveté, qui pour beaucoup seront des points forts. De mon côté, j’y vois plutôt un appel visionnaire et surtout, une œuvre auprès de laquelle on a beaucoup à apprendre.

Note : 4,5/6

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