dimanche 19 mai 2013

RIVERSIDE Shrine of New Generation Slaves (2013)

Riverside - Shrine of New Generation Slaves
Néo-progressif (Pologne)


Prendre le contrôle de sa propre vie. Tel est le concept de ce nouvel album de Riverside, Shrine of New Generation Slaves. Derrière une pochette évocatrice se trame une réflexion sur nos existences contemporaines. Ces ombres qui dévalent les escalators, avant de s’engouffrer mécaniquement dans les couloirs du métro… ces ombres pourraient être les nôtres, peut-être…

Musicalement, ce qui m’a beaucoup touché, c’est l’écart qui a pu se creuser entre la première écoute et les suivantes. Le disque semblait bien inoffensif de prime abord. Puis tout s’est éclairé, tout prenait sens soudainement. D’une façon à la fois logique et magique, l’œuvre résonnait en moi. Là où je voyais du perfectible, apparaissait en fait une forme de vérité musicale, pleinement cohérente.

L’ouverture de l’album, ‘New Generation Slave’, est typique des introductions qui posent le disque. Malgré un texte un peu cliché, la musique se veut annonciatrice : folk posé, voix aérienne et expressive, contrastant avec l’apparition de ces vagues de saturation menaçantes. Puis l’on perçoit les premières envolées de guitares, énergiques et atmosphériques. La dynamique est pleinement prog-rock, l’approche résolument moins métal, et ce pour l’ensemble du disque.

Le deuxième titre, ‘The Depth of Self-Delusion’, est déjà un morceau de haute volée, avec son alchimie acoustique/électrique. Il est ensuite accompagné de son solo de guitare, assez prenant, dans le pur esprit de Riverside.

L’appel électrique justement. Celui de Deep Purple pour le morceau suivant, ‘Celebrity Touch’, qui va progressivement révéler toute sa saveur. Et notamment avec cette partie subtile exécutée en delay, accompagnées ensuite de voix aériennes. Toute la finesse d’un titre pas loin d’être irrésistible. ‘Celebrity Touch’ est le premier grand tournant du disque, une révélation dont seul Riverside semble détenir tous les secrets.

Tout en gardant une vraie cohérence, un authentique équilibre, l’opus se poursuit avec une ballade classique au piano, légère et mélancolique : ‘We Got Used To Us’. Une qualité sonore irréprochable au service d’une mélodie et d’une atmosphère. Cela étant, si le couplet possède une réelle aura, le refrain est d’un niveau un peu en dessous.

Dès lors ‘Feel Like Falling’ apparaît, plus en rupture… pour mieux laisser place à son refrain en apesanteur. Un autre moment remarquable, envoûtant. Guitare aérienne, synthé ambiant, voix en communion. Imparable et classieux, une pure merveille.

Mais avec ‘Deprived’, le titre qui lui succède, nous nous élevons parmi les anges. Un petit chef d’œuvre. Une mélodie fragile et une section instrumentale tout en touché et maîtrise, subjuguante. Ses nappes de mélancolie ambiante nous enveloppent dans nos réflexions les plus intérieures.

Avec ses 12 minutes, ‘Escalator Shine’ prend un peu le rôle de morceau « épique » du disque, si on veut. Toujours léger, sobre, dans la continuité de l’œuvre, cette composition de haute volée synthétise bien les influences du groupe. Elle s’ouvre en dernier lieu sur un appel musical céleste : une forme de lumière symbolisant bien le concept et le message de l’album.

Enfin l’œuvre se referme sur ‘Coda’ qui reprend les esprits subtils et fragiles de ‘Feel Like Falling’. De façon classique, une conclusion qui apporte cohérence au concept d’ensemble et à la musique qui l’illustre.

Shrine of New Generation Slaves est le fruit d’un mariage réussi, l’héritage seventies rencontrant la célébration d’un prog atmosphérique dans la lignée de Marillion ou de Porcupine Tree… Riverside n’en oublie pas moins son identité musicale, tout en réalisant des compromis.

Ainsi, ce nouvel opus est bel et bien une réussite. Et sa qualité d’écriture, comme de production, en font un sommet pour cette année 2013. Un disque qui habite son auditeur. Le genre d’albums qui me fait aimer la musique progressive, voire la musique tout court. Et aussi une raison d’écrire si longuement dessus.

Note : 6/6

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