mercredi 17 avril 2013

PINK FLOYD Wish You Were Here (1975)

Pink Floyd - Wish You Were Here
Progressif (Grande-Bretagne)


Le réputé Wish You Were Here reste probablement le disque le plus progressif du Floyd. Non dans le sens « expérimental », mais au niveau de son allure générale, de sa dynamique, de ses influences et de sa construction. Il semble aussi s’insérer dans une tradition de prog-rock typiquement britannique. Wish You Were Here est un nouveau succès dans les ventes, mais avant tout un disque dans lequel les membres du Floyd semblent se retrouver, une dernière fois, comme pour un « instant limite ». Après le succès et la gloire, avant des conflits et de nouvelles séparations.

La thématique de l’absence est prégnante. Et c’est précisément pourquoi la présence de Syd Barrett semble planer autour de ce disque, comme une ombre... Comme un spectre qui finalement s’incarna ; pendant l’enregistrement de l’emblématique ‘Shine On You Crazy Diamond’ qui lui est dédié, le Syd lui-même apparut brièvement en studio. Obèse et déprimé, le crâne rasé, l’ancienne figure de proue Floydienne fut difficilement reconnue par les membres du groupe, émus et médusés.

Hormis le succès commercial, Wish You Were Here partage un autre point commun avec The Dark Side of the Moon : cette forme de pureté qui en émerge au premier « regard auditif », et qui peut aussi rendre l’ensemble un peu fade par moments. C’est là toute l’ambiguïté de ces deux disques si prisés. De plus, Pink Floyd poursuit également ses expérimentations synthétiques, certes plus timides mais toujours bien intégrées, assurant une continuité avec le disque précédent. Enfin, on pourrait ajouter un dernier atome crochu : la critique de l’appât du gain (plus précisément dans l’industrie musicale, avec les morceaux ‘Welcome to the Machine’ & ‘Have A Cigar’), déjà évoquée plus généralement dans le titre ‘Money’, et que l’on retrouvera également dans l’album Animals. La thématique n’est guère originale, peut-être hypocrite également, mais là n’est pas la question.

En termes d’interprétation, la célébration d’un songwriting léger et en apesanteur nous offre le mythique morceau d’ouverture : ‘Shine On You Crazy Diamond’. J’adore l’intro, aérienne, tout en ne décollant jamais vraiment, de façon un peu équivoque. On sent que quelque chose se prépare, l’ensemble étant très bien amené. La mélodie et le son des guitares, doucement saturées, sonnent très british, Pink Floyd proposant une pop progressive céleste très agréable, planante et prenante, personnalisée par ses claviers hors du temps.

‘Shine On You Crazy Diamond’ ouvre et ferme le disque. Entre ses deux parties, la plus belle réussite reste à mon ses ‘Welcome to the Machine’ ; une mélodie plaintive, une ambiance plus oppressante. ‘Have A Cigar’ reste plus convenu, un rock propre et honnête, quoiqu’un peu nargueur tout de même. Quant au célèbre morceau-titre, il s’agit sûrement d’une jolie ballade épurée, même si je n’y ai jamais vraiment perçu la force qu’on lui reconnaît généralement.

Wish You Were Here garde bien l’allure d’un monument musical. Homogène, impressionnant à bien des égards, cultivant une esthétique singulière et influente. Une réelle personnalité artistique, incarnée par une interprétation sans faille. Sa musique résonne comme une présence un peu impalpable, faisant un avec le concept même qui s’y déploie. Wish You Were Here est une réussite notable, même s’il lui manque parfois une force supplémentaire pour atteindre les sommets.

Note : 4,5/6

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