jeudi 18 avril 2013

PINK FLOYD Animals (1977)

Pink Floyd - Animals
Progressif/Expérimental (Grande-Bretagne)


Animals est un peu la contre-attaque au punk, ou au moins, son vaccin. Plus rigide et moderne dans les sonorités, plus agressif et menaçant dans l’interprétation, le Pink Floyd version trio montre les dents. Mais le groupe garde ses vues progressives, en s’immergeant ici dans trois longs morceaux. Au moment où Roger Waters met plus que jamais en pratique sa domination sur la formation, Animals est un pari artistique globalement réussi, atypique, et souvent oublié par l’histoire.

Derrière une musique davantage contemporaine, se trame la fable d’Animals. Les cochons bourgeois, les chiens arrivistes, et les moutons suiveurs… une forme de relecture détournée de La ferme des animaux de George Orwell. Cochons préfabriqués, chiens artificiels, moutons synthétiques… Chaque animal est représenté dans un long morceau, dans lesquels on peut entendre parfois leurs cris étouffés et tordus.

Dans cette atmosphère industrielle, sombre et froide, surgit à mon sens l’un des meilleurs morceaux du Floyd, si ce n’est le plus grand : ‘Dogs’, écrit par Waters & Gilmour. Claviers futuristes, guitares et percussions cliniques, mélodies insidieuses… Derrière ces divers atouts ‘Dogs’ incarne pourtant une forme de décrépitude, de délabrement moribond. Cette sensation se poursuit notamment dans sa section middle, complètement ambiante et hypnotique, comme un étrange voyage intérieur… ‘Dogs’ est la réussite d’Animals, grandement maîtrisé sur tous les plans, s’affirmant comme morceau total.

Ce titre magistral a donc de quoi faire de l’ombre aux deux autres grandes pièces du disque : ‘Pigs (Three Different Ones)’, pas réputé pour être le plus fameux, et ‘Sheep’, avec ses fausses allures de classique. On sent davantage l’influence de Waters sur ces morceaux, qu’il fait siens. De plus, ils participent pleinement à l’atmosphère globale, et poursuivent le concept en filant deux nouvelles métaphores musicales. En termes d’écriture, ‘Pigs’ est un peu plus maladroit dans sa mélodie, mais mise davantage sur ses expériences sonores. Quant à ‘Sheep’, il semble plus en verve et dynamique, pulsé par ses guitares énergétiques.

Au final, on ne sait pas bien si Animals ressemble à un disque de Pink Floyd. D’un côté, il reste toujours dans une veine psyché/prog/expérimental, pour ses structures et instrumentations. D’un autre côté, le groupe semble toujours plus se dissoudre, pressé dans la main de fer de Waters. Mais globalement, Pink Floyd garde cette dynamique qui le fait se métamorphoser constamment. Et c’est peut-être justement le fond de son identité. Après tout, “There is nothing so stable as change”, comme dirait l’autre…

Note : 4,5/6

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