vendredi 2 novembre 2012

Jon HASSELL Dream Theory in Malaya: Fourth World Volume Two (1981)

Jon Hassell - Dream Theory in Malaya: Fourth World Volume Two
Avant-garde/Ambient/World (U.S.A.)


Une étrange musique… et une idée qui ne l’est pas moins. Après la sortie de Possible Music (le Fourth World volume 1), Jon Hassell poursuit ses explorations en mettant en musique un concept quasi sociologique. Une musique culturelle et exotique, fusionnée aux traitements modernes qu’il fait subir à ses sons de trompette. Pour cette aventure, Jon Hassell profite de l’aide de Michael Brook et Daniel Lanois, mais aussi de Brian Eno avec qui il avait fortement collaboré sur l’opus précédent.

Le concept, brièvement. Jon Hassell s’est inspiré d’une étude réalisé par l’anthropologue Kilton Stewart. Ce dernier visita en 1935 la tribu Senoï (Malaisie) qui accordait une importance prépondérante aux rêves dont ils tiraient interprétations et apprentissages. Par ailleurs, Jon Hassell s’intéressa aussi aux Semelai, proches des Senoi et vivant dans la zone marécageuse la plus vaste de Malaisie. Les rythmes produits par leurs éclaboussements joyeux donnent la trame musicale à l’œuvre d’Hassell ici présentée, se retrouvant d’ailleurs clairement restructurés dans le titre central ‘Malay’.

La musique, ensuite. Atour des thèmes exposés précédemment, Jon Hassell traite et maltraite des textures très particulières, mettant notamment en valeur ses sons de trompette synthétiques, influencés et imprégnés de musique indienne, et qui semblent se glisser, se froisser, se liquéfier dans ces compositions. Le résultat donne quelque chose à mi-chemin entre l’hostile et le relaxant, une forme de flux de conscience, de transe minimale et flottante jouée en boucle, légèrement agressive et dérangeante, et émergeant comme une musique géographique et psychologique : il s'agit d'un voyage intérieur et extérieur. Il y a un côté dépaysant, marié volontairement à un traitement plus occidental, et animé par une dynamique clairement « contemporaine ». La prédominance est indubitablement rythmique, et il se crée par ailleurs des atmosphères en soi, assez authentiques et très homogènes.

Dream Theory in Malaya ressemble avant tout à de la musique ambiante, à l’exploration de nouveaux territoires sonores, et que l’on peut considérer au même titre que les travaux d’Eno, mais dans un esprit/concept différent. Une curiosité ? Un classique de l’avant-garde ? Un album de méditation agréable ? Un disque ennuyeux et répétitif ? De l’esbroufe conceptuelle ? Les avis pourront être largement partagés.

Note : 4/6

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