Krautrock (Allemagne)
Bruits et atmosphères soniques. Après The Faust Tapes, suite d’enregistrements très privés, Faust IV réalise un nouveau pas en avant dans l’expérimentation. Un équilibre entre recherche inventive et efficacité, beaucoup plus accessible que les précédentes œuvres. Faust IV, album drone, inconscient du post rock à venir, quelques années plus tard.
Face A. Les moments à retenir sont en premier lieu ‘Krautrock’, titre symbolique, dans une veine plus proche de Neu! que des expérimentations hostiles du passé. Spatial, un classique de la musique cosmique allemande, dans lequel se passent des choses étranges, dans des directions différentes, et dans ses recoins les plus cachés. ‘Jennifer’ reste aussi dans cette dynamique de flux, aux frontières du mélodique. Une autre réussite, dans le traitement des sons notamment. Quant à ‘The Sad Skinhead’, intercalé entre ‘Krautrock’ et ‘Jennifer’, il s'agit du titre le moins original, et à mon sens, le moins bon. Un support intéressant néanmoins pour le courant post rock. Enfin, ‘Just A Second’ complète bien le tableau, avec cette dimension sonique personnelle et expérimentale.
Face B. Il y a des passages que j’aime bien sur ‘Picnic On A Frozen River’ (cette montée souterraine à 0:54, et le passage jazzy central), mais la fin répétée à outrance (le motif que l’on retrouve sur « Faust So Far ») est quand même bien soûlante. ‘Giggy Smile’, plaisant et soutenu, devient un moment bien intrigant, de bonne tenue, tandis que le drone ‘Lauft…’ ajoute une nouvelle touche légèrement atmo, bruitiste, assez eno-esque, et au final très réussie. ‘It’s A Bit Of A Pain’, dernier morceau du disque, présente une ambivalence entre un côté assez classique, et une forme de perversion sonore qui détourne un peu le morceau, avec ces petits assauts industriels.
Le bruitisme de Faust IV semble davantage intégré dans un processus mélodique. Ce qui donne cette sensation d’équilibre ; les trois grands classiques de Faust sont chronologiquement une poussée vers cette mesure, même si l’expérimental reste toujours ambitieux. La forme change, le cœur du concept se maintient. Et de nouvelles atmosphères, prégnantes, sont sans cesse créées. Avec son quatrième album (le meilleur probablement), Faust, tout en faisant bouger les lignes et alimentant sa discographie, reste dans les pas de Stockhausen, Cage, Zappa et du Velvet. Radical, libre et jusqu’au-boutiste.
Note : 5/6
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