lundi 21 mai 2012

GONG Flying Teapot (Radio Gnome Invisible Pt. 1) (1973)

Gong - Flying Teapot
Psychédélisme / Canterbury / Space Rock (France / Angleterre)


Next mission : la planète Gong ! L’occasion d’écrire un peu sur la trilogie du groupe : Radio Gnome Invisible. Créé à la fin des années 60, Gong est la mise en musique d’un savoir, d’une érudition mystique dont Daevid Allen s’est saisi. La trilogie permet la déclinaison de sa mythologie cosmique et psychédélique, entre les voies hippie et bouddhiste, mettant en scène lutins et théières volantes.

Cela est également lié à l’usage des substances psychotropes, mais a-t-on vraiment besoin de le signaler ? Daevid Allen se montrera en tout cas réticent à cet environnement pendant la création de la troisième partie du triptyque : You. L’humour est également de mise, un humour non pas sarcastique mais plutôt joyeux, barré, et communicatif. Derrière tout cet échafaudage musical se trame enfin un message politique anarchiste, à l’image de la musique et de ses structures démantelées, au sein d’une fiction d’anticipation.

A l’instar de Soft Machine (formation dans laquelle Daevid Allen jouait avant d’être interdit de territoire britannique en 1967 pour une histoire de visa…), je trouve personnellement que Gong peut se marier avec une forme de philosophie spontanée sans tomber dans un intellectualisme forcé et arrogant. En tout cas, on mesure également comment les circonstances historiques, parfois proches de l’anecdote (un souci de visa) peuvent entraîner la création et la maturation de projets musicaux modifiant de façon considérable l’histoire même de la musique rock.

Flying Teapot, le premier volet de la trilogie, reste encore une mémoire du passé du groupe, même s’il s’intègre dans un nouveau projet artistique. Daevid Allen a en tout cas toujours la maîtrise du navire. L’influence du synthé de Tim Blake est notable tout comme l’apport de Steve Hillage, guitariste créatif, et de la section rythmique composée de Francis Moze (basse) et de Laurie Allan (batterie/percussions). À l’issue des sessions d’enregistrement, le groupe fut pourtant projeté dans un trou noir, son line-up étant plus que malmené, subissant même quelques allers-retours (dont celui de Daevid Allen lui-même). Enfin, précisons la présence de Giorgio Gomelsky à la production (Soft Machine, Magma).

Après une ouverture encore timide (‘Radio Gnome Invisible’), le morceau ‘Flying Teapot’ apparaît comme une des des pièces majeures du disque. Pour ses douze minutes, poussant la musique au-delà de ses limites. Pour son aspect funky-prog (!), ses nappes cosmiques et menaçantes, ses rayons de sax colorés et acides, son ambiance spatiale, mystique et conceptuelle. Pour sa marque dans l’histoire, dans laquelle Gong semble bien en avance.

‘The Octave Doctors and the Crystal Machine’ est un passage ambient, aussi éphémère que prenant, arrivant à point nommé après le plutôt faiblard et irritant ‘The Pot Head Pixies’, amusant pour son nom et son imagerie mais musicalement en deçà de ce que le disque propose par ailleurs.

‘Zero the Hero and the Witch’s Spell’, titre héroïque de dix minutes, est l’autre moment fort. On se plonge dans son ambiance « jazz de l’espace » et l’on découvre ses passages déboussolants assez réussis, ses moments atmosphériques de toute beauté, semblant illustrer un vide intersidéral mais évocateur, plein de sens.

Le titre de clôture ‘Witch's Song/I Am Your Pussy’ marque une présence toujours fondamentale et consubstantielle à l’existence de Gong : celle de Gilli Smyth. Une forme de délire sexuellement explicite, sans atteindre le paroxysme d’un ‘The Return of the Son of Monster Magnet’ de Zappa et des Mothers of Invention en 1966. Le morceau est sympa mais pas fondamental en lui-même.

Pour ses divers ingrédients et sa démarche aventureuse, Flying Teapot est un carrefour dans l’univers psychédélique, un tournant pour le groupe et pour le genre qu’il met au point. Un passeport nécessaire pour comprendre l’évolution de la gongographie, ses atouts et ses apports artistiques.

Note : 4,5/6

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