samedi 19 juillet 2008

THE ROLLING STONES Their Satanic Majesties Request (1967)

The Rolling Stones - Their Satanic Majesties Request
Psychédélisme (Angleterre)


Their Satanic Majesties Request demeure un peu à part dans la discographie du groupe, et sa nature psychédélique nous pousse à le croiser à notre tour, sur les routes de notre exil progressif. Cependant, les Stones ne livrent pas là leurs premières esquisses psychédéliques. En 1966 sortait en effet un disque fondamental, peut-être leur premier vrai classique, Aftermath. Ce disque contenait le premier titre psyché des Stones, ‘Going Home’, une odyssée hypnotique de onze minutes tranchant allègrement avec le reste de l’album.

Contrairement à l’opinion largement répandue, les Stones n’avaient donc pas de longueur de retard sur les Beatles en termes de psychédélisme :
 - Certes, Their Satanic Majesties Request (novembre 1967) reste une forme d’écho à Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles (juin 1967), mais ‘Going Home’ surgit un an avant cet opus des Fab Four.
 - Et il y a autre chose encore : la dimension « ébauche » de ce disque des Stones symbolise une certaine liberté artistique propre au psychédélisme, et contraste avec l’aspect peut-être trop lisse de l’album des Beatles.
 - En outre, les Stones, avec ‘Sing This All Together (See What Happens)’, nous offre un vrai jam digne de ce nom, contrairement au disque des Fabs.

Bref, je pense que ces trois points, entre autres, sont intéressants pour ne pas couler trop vite Their Satanic Majesties Request devant la popularité du Sergent Poivre. J'ajouterais aussi un élément, extra-psychédélique :  l’image de mauvais garçons se poursuit ici, avec le terme ‘satanic’ dans le titre, forcément très éloigné des propos attendrissants ("Welcome The Rolling Stones", "Good Guys") écrits dans un coin de la pochette de Sgt Pepper…. Notons d’ailleurs que l’album est sorti en Afrique du Sud sous le nom de "The Stones Are Rolling", pour éviter l’emploi du mot satanic.

Cela étant, ce n’est pas faire justice d’évoquer Their Satanic… uniquement en le comparant à l’œuvre des Beatles. Déjà, la pochette nous donne des éléments supplémentaires : on se croirait retourner dans un monde enfantin et naïf… mais trompeur, plutôt en proie aux hallucinogènes. La drogue devient un élément déclencheur et constituant l’environnement dans lequel ce disque fut enregistré. Cet album, nommé à l’origine "Cosmic Christmas", est finalement une grande farce, une forme de parodie, dans laquelle les musiciens ne se retrouvent plus forcément. Cette pochette doit finalement nous faire saisir un autre élément essentiel : le second degré. Les Stones sont définitivement ailleurs. En procès, sous l’effet de la drogue, dans leurs pensées, mais pas vraiment dans ce disque. Ou alors juste par l’intermédiaire de leurs esprits, marqués par les stupéfiants, évidemment. Est-ce suffisant ? Ce disque, c’est juste une partie de rigolade un peu plus avant-gardiste que les autres.

Poétique, sacrée, orientale, futuriste et hallucinée. Moderne et acide. Voilà l’arôme de cette musique un peu insaisissable que nous ont concoctée les Stones. La variété d’instruments et la mise en évidence des claviers de Nicky Hopkins est pour beaucoup dans la création de cet univers cosmique et décalé. Un univers étrange dans lequel le sorcier Brian Jones, qui a troqué sa guitare pour un mellotron, apporte toute sa magie. On est certes loin de l’aspect primitif des premiers disques du groupe. On est même loin de l’osmose habituelle entre les musiciens. Le boulot est là, mais le groupe ne se retrouve que rarement ensemble au studio. Ce qui ne les empêche pas de sortir des morceaux de qualité…

En fait, l’histoire aurait retenu davantage deux morceaux… Le premier c’est celui qui ouvre la face B : le célèbre et chatoyant ‘She’s Like Rainbow’, inspiré de ‘She Comes in Color’ de Love. Le gimmick principal du titre repose sur une petite mélodie mémorable jouée au piano, faisant un peu « boîte à musique ». L’autre morceau n’est rien d’autre que le prophétique ‘2000 Light Years From Home’, transportant l’auditeur grâce à l’emploi judicieux du mellotron. Beaucoup retiennent également ‘Citadel’, chanson plus rock que l’ensemble, et le morceau de Bill Wyman ‘In Another Land’.

Pour ma part j’aurais pensé au petit jam de ‘Gomper’ et à l’ambiance particulière et minimale du subtil ‘The Lantern’. Ainsi, la face B semblerait donc supérieure à la face A... Certes l’extraverti ‘Sing This All Together’ (avec les back vocals de Lennon et McCartney !), en deux parties, apporte pas mal en termes d’identité et de psychédélisme, mais il ne demeure pas un morceau incontournable dans la discographie du groupe. Notons enfin que le dernier morceau, ‘On With The Show’, donne un petit côté « spectacle » ou cérémonial à l’ensemble du disque. Cela renvoie un peu au côté « show » de Sergent Pepper…

Pour tous ces éléments, ses réussites comme ses écarts, Their Satanic Majesties Request reste bien moins qu’un disque culte, mais bien plus qu’une simple anomalie. Un changement d’optique en somme, à court terme… Une pause psychédélique avant de poursuivre leur fabuleuse odyssée rock, avec Beggars Banquet cette fois-ci…

Note : 4/6

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