Psychédélisme / AVG (Etats-Unis)
1967 : date de l'apocalypse psychédélique. Red Crayola est la bête, l'ovni artistique monstrueux et génial, formé à Houston en 1966. Ce groupe magique, tout en contenant l'essence intime et endiablée du psychédélisme, s'oriente aussi vers d'autres horizons musicaux : leur musique colorée se mêle à un audacieux free jazz directement inspiré par John Coltrane, ou à un noise rock futuriste et visionnaire. Le free form freakout mis en place est créé par différents instruments : flûtes, kazoos, harmonica, marteaux, bouteilles, cloches... Un véritable tableau d'abstractions sonores et multicolores : six titres de buée acide, s'écroulant nonchalamment dans un tourbillon infernal de psychédélisme dantesque. Une page brûlante qui se consume jusqu'à l'épopée post-punk. Les atmosphères vaporeuses des compositions de Thompson/Barthelme/Cunningham se courbent, se tordent, se distordent, semblent si complexes et cérébrales, si sombres et intenses, si cliniques et viscérales. Et Mayo Thompson tient la barre, lui l'instigateur rusé de ce chaos organisé. Ainsi, The Parable of Arable Land présente une musique sauvage, une forme d’hommage à la fois au bruit et au silence (‘The Hurricane Fighter Plane’ et ses atmosphères apocalyptiques, fiévreuses et nuageuses, et le torrent d'amphétamines de ‘Transparent Radiation’…) Les mélodies baignent dans des flux de vapeur musicale psychédélique (‘The Hurricane Fighter Plane’ évidemment, le début de ‘Transparent Radiation’, ‘Pink Stainless Tail’, la deuxième partie toute calme de ‘Former Reflections Enduring Doubt’). Aussi, les morceaux longs alternent parfois avec d'autres plus courts ; l'éprouvante suite ‘Pink Stainless Tail’ laisse sa place à l'ultime chanson-titre dans laquelle des bouteilles s'entrechoquent, comme des fossiles, des squelettes possédés. C’est l'art de créer des sons nouveaux avec des objets familiers, communs, banals. Les paradis de LSD semblent en tout cas bien loin de l'enfer que créent ces diablotins de Red Crayola. Pas une seconde de répit pour s'enfuir vers le purgatoire. L'enfer existe : et voici un des plus grands disques de psychédélisme de tous les temps.
Note : 5,5/6
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