samedi 30 mars 2013

PINK FLOYD Atom Heart Mother (1970)

Pink Floyd - Atom Heart Mother
Psychédélisme/Progressif/Space Rock/Expérimental (Grande-Bretagne)


Pink Floyd entame sa mue progressive. Du prog-rock au sens symphonique du terme. Le morceau-titre est une longue épopée culte de près de 24 minutes (presque le maximum pour une face de 33 tours), complètement dans l’esprit du genre ; sont ici assemblés plusieurs mouvements un peu épiques, un peu inquiétants, un peu majestueux, un peu pompeux aussi parfois… Des chœurs, une mélodie de sirène, du Hammond à gogo, et puis bien sûr ce thème repris en fanfare… Ron Geesin, de sa patte avant-gardiste coécrit la pièce avec le Floyd, lui apportant entre autre son expertise dans l’enregistrement. Ressemblant parfois plus à un tour de force qu’à un pur moment de plaisir, le morceau ‘Atom Heart Mother’ n’en demeure pas moins une pièce d’envergure dans l’histoire du Floyd.

Il est d’ailleurs étonnant de voir comment Pink Floyd est à l’image du genre qui le comprend : des racines psychédéliques à l’origine d’un rock progressif structuré et imposant. Aussi, ils présentent ici une longue compo précédant d’autres plus courtes, comme d’autres disques progressifs d’époque ou à venir… Face aux « concurrents » allemands, le Floyd peut sembler plus timoré et naïf, et moins impressionnant. Mais le mélange flagrant des genres, et la personnalité qui se dessine derrière ses transformations et ses jeux d’apparences en font un acteur majeur de la scène rock expérimental, ajoutant sans cesse de nouveaux atouts, promesses et compromis, à sa discographie.

Il y a ces racines que l’on n’oublie pas, celles d’un été ensoleillé, celui de ‘Summer ‘68’, dont la mélodie de cuivre irradie encore les pensées... Cette lumière centrale vient de Rick Wright. La construction est maligne, fluide, les arrangements précis, et le grain de diverses sonorités nous plongent irrémédiablement dans les seventies… Ces cuivres flamboyants et rutilants donnent une véritable identité au morceau. Un chef d’œuvre miniature pour le coup, et un des meilleurs morceaux du Floyd à n’en pas douter.

Je suis plus circonspect sur le songwriting léger d’‘If’ et du très britannique ‘Fat Old Sun’ qui complètent le disque davantage qu’ils ne le transcendent. Ils parviennent cependant à apporter un souffle particulier, tout en offrant des visages et des virages musicaux différents. Des visages car au final trois membres du groupe apporte chacun sa chanson, la meilleure restant celle de Wright. La formule d’Ummagumma est donc reprise dans un Atom Heart Mother décousu, même si un (très léger) soupçon de cohésion fait parfois son apparition.

Et puis, en guise de clôture, le très bon ‘Alan's Psychedelic Breakfast’, petit-déjeuner contemporain sous fond de bruitages réalistes, précis et concrets (cafetière, cuisson, gouttes d’eau, et craquages d’allumettes…) Pour info, Alan n’est qu’autre qu’Alan Stiles, roadie du groupe… Et de ce festin sonore, je retiens surtout son départ relax et cette section onirique vers 9:50, bien dans l’air du temps. Ces passages font à mon sens de ce morceau un autre atout de l’opus. À coup d’orgue Hammond et de guitares seventies, cette composition alambiquée assoit un peu plus Pink Floyd dans son époque, comme aventuriers avant-gardistes, conservant toutefois un esprit rock.

Atom Heart Mother rappelle quelques éléments du passé : le songwriting folk/acoustique de certains passages d’Ummagumma, la volonté de réaliser une musique concrète, l’écriture individuelle de certains titres, et l’absence de véritable capitaine à bord. Il reste cependant une nouvelle avancée, à défaut de véritable rupture, apportant un morceau-titre imposant et deux autres chapitres majeurs dans l’histoire du groupe (‘Summer ‘68’ surtout, et ‘Alan’s Psychedelic Breakfast’). Ces nouveautés placent irrémédiablement le Floyd dans une dynamique davantage progressive, toujours imprégnée de l’esprit psychédélique, dans laquelle elle plonge ses racines et trouve sans cesse des ressources.

Note : 5/6

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