Jazz Rock (U.S.A.)
Un disque que j’aime vraiment bien… Moderne et sinueux, totalement instrumental (il s’agit de la première version sortie, sans les vocaux de Thana Harris) et possédant une vraie identité qu’on a envie d’étudier de plus près. Et pourtant. Sleep Dirt en tant que tel « doit » sa constitution à Warner, sorti initialement au détriment de Zappa… Les morceaux le composant étant prévu pour une œuvre en 3 cds, Hunchentoot, refusée par la maison de disques. Le projet verra pourtant le jour avec le coffret posthume Läther en 1996, décomposé jusqu’alors en plusieurs témoignages : principalement Zappa In New York (1978 - live), Studio Tan (1978), Orchestral Favorites (1979)… et donc Sleep Dirt ici présent.
Mais les déboires juridiques et contractuels ne doivent pas occulter la musique, présente et bien vivante, au sein d’un album qu’on aurait tort de juger comme un simple artefact. Sleep Dirt, c’est toujours le top avec George Duke aux claviers, Chester Thompson à la batterie, Ruth Underwood aux percus, Bruce Fowler aux cuivres… et avec la participation de Terry Bozzio (deux titres), et du bassiste Patrick O’Hearn (trois titres), qui se retrouvaient pour l’occasion...
Au niveau des morceaux, c’est sans originalité que je vais dire adorer ‘Regyptian Strut’, un vrai classique au même titre que ‘Peaches En Regalia’, où brillent ces ambiances cinématographiques, appuyées par leurs cordes, et bien sûr le jeu de Ruth Underwood, indissociable du monde de Zappa. Mais dès l’ouverture, ‘Filthy Habit’ et son cadre inquiétant nous interpelle... Une belle entrée en matière, remarquable. L’intimité jazzy du piano de ‘Flambay’, les constructions sonores de ‘Spider of Destiny’, tout comme le flux improvisé sur l’épique ‘The Ocean is the Ultimate Solution’ sont les autres moments marquants d’un opus diversifié et pourtant d’une homogénéité surprenante parce qu’inattendue.
J’ajouterais enfin qu’il se dégage du tout une forme de faux intellectualisme un peu froid et clinique, chose qui n’est vraiment pas pour me déplaire, moi qui suit parfois plus hermétique aux productions légères et humoristiques de Zappa. En tout cas, force est de constater qu’il y a vraiment du contenu dans cette production, et qu’il est plutôt bien articulé. Sleep Dirt est un album qui, bousculé par un contexte de création mouvementé, n’en demeure pas moins une réussite, semblant certes artificielle, mais restant pourtant entière.
Note : 5/6
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