Art Rock/Pop (Angleterre)
So. La pochette, sobre et classieuse, nous présente Peter Gabriel, de façon simple, voire un peu mystique. Le contenu est teinté de sa personnalité artistique et des ambiguïtés de sa musique… de ses recherches sonores, de ses aboutissements aussi. Pourtant, il semble encore difficile à déterminer par moment ; ces morceaux semblent représenter un voyage intérieur, mais également une découverte d’autres horizons, d’autres cultures et d’autres sons… Tournée vers l’intérieur, mais aussi vers l’extérieur : une caractéristique, et c’est sans doute une des rares, qui reste dans la continuité de Melt et de Security.
Parlons dès à présent d’une autre dualité… So est devenu un des disques les plus typés « commerciaux » du Gab’, notamment parce qu’il comporte ‘Sledgehammer’ et ‘Big Time’, singles mis en avant par leurs animations vidéo qui ont par ailleurs assez mal vieilli… En fait, mis à part ‘We Do What We’re Told’, titre le moins taillé pour les radios, l’expérimental semble avoir été intégré, digéré, et mis au service d’une pop fourmillant d’arrangements sonnant très « professionnels », solidifiée par une rythmique souple et alambiquée.
Mais s’il semble lorgner vers des rythmiques plus funk ou vertigineuses, avec les deux singles suscités, il a également vocation à se diriger vers des horizons plus atmosphériques et cotonneux, comme le montrent son duo avec Kate Bush sur le dépaysant et intime ‘Don’t Give Up’ ou encore ces notes de piano posées et relaxantes débutant ‘In Your Eyes’, exotique et pensif. Avec ces deux autres chansons Peter Gabriel assoit d’une autre manière l’aspect direct et grand public de ce disque, en le dirigeant vers un aspect plus ambiant, et qui constitue à mon sens la véritable âme de l’album, sa profondeur…
Et puis deux morceaux se détachent absolument à mes yeux : d’une part, l’ouverture du disque, ‘Red Rain’, une pop prophétique ultrasophistiquée qui subjugue… et d’autre part une vraie merveille, ‘Mercy Street’, morceau totalement aérien, aux ambiances envoûtantes, spirituelles, absolument sublime, qui justement renforce toute la dimension « ambiante » de l’album. Pour moi, l’un des trois meilleurs morceaux de l’artiste… Et c’est donc au travers de ces deux compositions que j’ai envie de me rappeler So… même si j’y ajouterais tout de même une troisième : ‘That Voice Again’, titre assez percutant… et original dans les deux sens : authentique et inédit.
Complexe… arrondi par la production de velours, lisse et éclatante de Daniel Lanois… exécuté avec dextérité par un line up fidèle mais aussi très élargi… So est un disque hétérogène et diversifié, mais toujours griffé de la patte du Gab’. À l’instar de sa pochette réalisée par Peter Saville, l’artiste se montre dans sa simplicité, sa profondeur, mais aussi en mettant en valeur l’ensemble de sa palette artistique. Exubérant et parfois irritant, mais aussi doux et souvent réconfortant, So envoie beaucoup de signes contradictoires. Il n’en demeure pas moins une œuvre dans l’ensemble accomplie, notamment grâce à ses titres majeurs, qui lui apportent toute sa force.
Note : 5/6 – Morceaux fétiches : ‘Mercy Street’, ‘Red Rain’, ‘That Voice Again’
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